HÉRACLÈS
« Héros-Dieu », hêrôs théos (Pindare, Néméennes, III, 22), auquel une vie d'exploits et de souffrances valut, après la vie, l'immortalité (L'Odyssée, XI, 602), celui dont le vocable primitif est Alcide, « le Fort », doit le nom de « Gloire d'Héra » (Hêras cléos) à Apollon qui le lui donna en prévision des épreuves que la déesse vindicative devait lui envoyer et qui, sous ce nom, assurèrent son renom — ce n'est en effet pas d'Alcée, le père d'Amphitryon, que descend le héros, mais de Zeus, qui, sous les traits dudit Amphitryon, s'unit à son épouse, la vertueuse Alcmène —, symbole, dira Épictète (Entretiens), de la double filiation, humaine mais divine par-delà l'humaine, de l'homme, dont Héraclès exprime la nature et l'idéal. Jalouse, Héra commence par bouleverser l'ordre des naissances, avançant celle d'Eurysthée, le cousin du héros, qui deviendra ainsi le maître de Tirynthe, origine lointaine des douze travaux. Puis elle dépêche deux serpents vers le berceau du nouveau-né, qui n'a aucun mal à les étouffer (Néméennes, I, 38 sq.). Vient ensuite une enfance paisible à Thèbes où, bien que d'origine argienne, le héros est né ; jusqu'au jour où, inconscient de sa force et rebelle à la discipline, il tue d'un coup de lyre son maître de musique, Linos. Exilé sur le Cithéron, il partage la vie des bergers et atteint sa dix-huitième année, où, préfiguration du premier des douze travaux, il débarrasse la contrée du lion qui ravageait les troupeaux du roi Thespios ; il lui assure en outre une descendance de cinquante petits-fils (les Thespiades). Puis il se met aux côtés des Thébains dans leur lutte contre les Myniens d'Orchomède et reçoit en mariage Mégara, la fille du roi Créon. Son bonheur, insolent pour Héra, ne durera pas : dans une crise de démence que la déesse lui inspire, le héros massacre femme et enfants. En expiation de ce crime, la Pythie de Delphes lui ordonne de gagner Tirynthe où Eurysthée lui impose les fameux douze travaux, dont le récit fut développé par des écrivains postérieurs à Homère. En douze années, Héraclès accomplit les douze travaux. Il tue le lion de Némée en l'étouffant ; de sa dépouille, il se fait une armure à l'épreuve des flèches. Il tue l'hydre de Lerne en tranchant d'un seul coup ses neuf têtes, tandis que Iolaos, son neveu, les brûle pour les empêcher de repousser. Le sang du monstre rendra désormais ses traits mortels. Il capture vivante la biche aux cornes d'or de Cérynie, protégée d'Artémis. La déesse l'accueille pourtant au pays des Hyperboréens, dont il ramène en outre l'olivier (Pindare, Olympiques, III, 26 sq.). Il s'empare du sanglier d'Érymanthe après l'avoir forcé à la course dans une neige épaisse. Au cours de cette chasse, il tue les Centaures et blesse par mégarde son ami le centaure Chiron (Sophocle, Trachiniennes, 10 sq.). Il abat de ses flèches les oiseaux mangeurs d'hommes du lac Stymphale, après les avoir fait s'envoler avec des castagnettes de bronze, œuvre d'Héphaïstos et don d'Athéna. Il nettoie les écuries d'Augias, encombrées du fumier dont celui-ci privait les paysans, en un seul jour. Héraclès détourne le fleuve Alphée. Cet épisode est le prélude d'une guerre, Augias refusant de verser le salaire promis par lui au héros. Il capture le taureau crétois de Minos qu'il ramène en Grèce et que Thésée tuera plus tard dans la plaine de Marathon. Il tue Diomède, qui nourrissait ses juments de chair humaine. Il s'empare de la ceinture que l'amazone Hippolyte avait reçue d'Arès. Il tue Géryon, le géant tricéphale, après avoir gagné de nuit l'île d'Érythéia sur la coupe d'or du soleil. C'est en ramenant son troupeau qu'il se heurte à [...]
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Écrit par
- Robert DAVREU : enseignant en littérature générale et comparée à l'université de Paris-VIII, poète et traducteur
Classification
Médias
Autres références
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