KARAJAN HERBERT VON (1908-1989)
Homme de légende, Herbert von Karajan est certainement l'interprète qui laissera l'empreinte la plus profonde sur la seconde moitié du xxe siècle, tant il a su faire évoluer son art et l'adapter aux moyens de communication de son temps ; homme de conflit, il a construit sa carrière autour de deux phalanges prestigieuses, l'Orchestre philharmonique de Berlin (dont il était le chef permanent « à vie ») et l'Orchestre philharmonique de Vienne, alternant brouilles et réconciliations avec les responsables de ces formations ou les institutions dans le cadre desquelles elles évoluaient pour l'essentiel de leurs activités (Opéra de Vienne, festival de Salzbourg) ; le dernier acte commence au printemps de l'année 1989, lorsqu'il décide de quitter les musiciens berlinois. Quelques mois plus tard, le 16 juillet, pendant les répétitions d'Un bal masqué à Salzbourg, une crise cardiaque le terrasse ; il succombe dans sa résidence d'Anif, près de Salzbourg.
De Salzbourg à Salzbourg
Heribert (il supprimera ultérieurement le i) von Karajan est le fils d'un chirurgien autrichien dont le bisaïeul, qui s'appelait alors Karajannis, émigra en 1792 de Macédoine (Grèce) à Chemnitz, où il fut anobli par le prince électeur de Saxe. Il voit le jour à Salzbourg le 5 avril 1908 et commence à étudier le piano en 1912 avec Franz Ledwinka. Apres un passage par le Mozarteum de Salzbourg (1916-1926), Bernhard Paumgartner, directeur du célèbre établissement, l'oriente vers l'Académie de musique de Vienne, où il travaille avec Franz Schalk et Alexandre Wunderer (1926-1929). Il suit également des cours de technologie à l'université. En janvier 1929, il donne son premier concert public, à ses frais. L'intendant du théâtre d'Ulm y assiste et l'engage immédiatement comme chef de chant. Deux mois plus tard, il fait ses débuts lyriques à Ulm dans Les Noces de Figaro et accède rapidement à un poste de chef d'orchestre permanent. L'été, il est assistant au cours de direction d'orchestre du festival de Salzbourg. En 1934, il est engagé comme chef d'orchestre à Aix-la-Chapelle et, un an plus tard, il y est le plus jeune directeur général de la musique de toute l'Allemagne (1935-1941).
En 1937, il fait ses débuts à 1'Opéra de Vienne en dirigeant Tristan et Isolde. L'année suivante, il effectue ses premiers enregistrements pour la Deutsche Grammophon Gesellschaft. Il dirige pour la première fois l'Orchestre philharmonique de Berlin et débute, avec Fidelio, à la Deutsche Staatsoper, où il est nommé à la tête des concerts symphoniques puis chef permanent à l'Opéra (1939-1945). En 1940, il signe à Aix-la-Chapelle sa première mise en scène Iyrique, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, qu'il dirige également.
Pendant l'occupation allemande, il se produit fréquemment à Paris. En 1941, il divorce de la cantatrice Elmy Holgerloef, qu'il avait épousée en 1938, et se marie un an plus tard avec Anita Gütermann. En 1946, il effectue ses débuts à la tête de l'Orchestre philharmonique de Vienne, mais est aussitôt interdit de direction pendant près de deux ans par les puissances occupantes en raison de son appartenance au Parti national-socialiste, auquel il avait adhéré en 1933. C'est l'époque à laquelle il rencontre Walter Legge, directeur artistique des disques Columbia, qui vient de fonder à Londres le Philharmonia Orchestra ; dès 1947, Karajan réalise avec cet orchestre, dont il sera chef permanent entre 1950 et 1959, une série d'enregistrements qui comptent parmi les plus remarquables de sa discographie. En 1948, il effectue ses débuts au festival de Salzbourg et à la Scala de Milan (Les Noces de Figaro) et commence à diriger en Amérique latine. Entre la fin de l'année 1947 et 1950, il est invité régulièrement par l'Orchestre[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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