HERCULANUM
Constructions impériales
Avec l’entrée définitive dans le monde romain, Herculanum va se transformer aussi rapidement que radicalement. Vers 40 av. J.-C., à l’extérieur de la ville, est construite la villa des Papyrus qui s’étend sur plus de 150 mètres, avec un imposant péristyle décoré de nombreuses statues dont une partie représente des souverains hellénistiques. En ville, les premiers changements interviennent autour de l’obtention du statut municipal avec l’érection d’un capitolium (temple voué à la triade capitoline : Jupiter, Junon, Minerve), qu’on suppose situé sur le forum, dont la localisation est sujet d’âpres discussions. Dans le même temps, les thermes – improprement appelés « du forum » – sont construits. Ce premier établissement possède deux parcours symétriques, dont un de dimensions réduites, traditionnellement considéré comme réservé aux femmes. Probablement au début de la période augustéenne (31 av. J.-C. – 14 apr. J.-C.), un macellum, marché à la viande, est construit par Marcus Spurius Rufus, à un emplacement qui reste indéterminé, dans les parties non explorées de la ville.
C’est pendant le règne du premier empereur que le paysage urbain évolue le plus, comme dans la plupart des cités italiennes. Un des personnages clés est Marcus Nonius Balbus, qui, après avoir effectué une partie de sa carrière comme proconsul de Crète et de Cyrénaïque a fini ses jours à Herculanum. Son évergétisme – cette prodigalité qui permettait aux élites romaines, en échange de prestige social, d’offrir à leurs concitoyens des équipements urbains ou de financer leur fonctionnement – lui a valu le titre de patron de la cité. Il a en effet reconstruit les murailles, la porte de la ville et une basilique (basilicaNoniana). Cette dernière, décorée notamment avec des statues représentant les parents de Balbus, servait entre autres aux réunions des décurions, le sénat local, tandis que sur ses murs étaient disposées les plaques de marbre comportant la liste des habitants – libres, mâles et adultes – d’Herculanum.
À la même période a été érigé le théâtre à partir duquel la ville a été redécouverte en 1710, lors des toutes premières fouilles. Contrairement à l’édifice pompéien voisin, le théâtre d’Herculanum n’est pas construit en profitant de la topographie locale mais sur arcades. L’importance de son rôle mémoriel pour les habitants est perceptible à travers les hommages qui y sont rendus aux grands hommes de la ville: Ap. Claudius Pulcher, mais aussi M. Nonius Balbus, représenté en nudité héroïque. Après sa mort, son tombeau est érigé à l’extérieur de la ville, sur une terrasse dominant la mer: reprenant la forme d’un autel, il présente sur une de ses faces une inscription qui expose les différents honneurs rendus par la ville pour célébrer le défunt. Il contenait ses restes incinérés ainsi que, selon la pratique de l’os resectum, un doigt coupé avant crémation. Par-delà les commémorations, M. Nonius Balbus est également resté très présent dans la population d’Herculanum, à travers ses affranchis et leurs descendants.
Trois édifices religieux sont érigés durant le règne d’Auguste (27 av. J.-C. – 14 apr. J.-C.). Le premier est un temple voué au culte impérial – longtemps considéré comme le siège des Augustales –, achevé avant la mort de l’empereur et dont la décoration a été complétée en 14 apr. J.-C. par une statue d’Auguste divinisé. Le deuxième et le troisième se situent au-dessus de la mer, à proximité de la terrasse où les restes de M. Nonius Balbus ont été recueillis. Ces deux temples traditionnels forment un complexe dédié à Vénus.
Lors de ce moment de fort renouvellement urbain, est également mis en chantier un vaste édifice qui n’est achevé que de 25 à 35 apr. J.-C. : le temple de Magna Mater – traditionnellement[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Nicolas MONTEIX : maître de conférences à l'université de Rouen, ancien élève de l'École française de Rome
Classification
Médias
Autres références
-
DÉCRYPTAGE DES PAPYRUS D'HERCULANUM
- Écrit par Daniel DELATTRE
- 667 mots
- 1 média
Les spécialistes des écrits anciens sur papyrus attendaient beaucoup des techniques d’imagerie pour percer le secret des rouleaux retrouvés entre 1752 et 1754 à Herculanum sous la lave du Vésuve qui les avait conservés depuis l’éruption de 79, au cours de laquelle ils furent carbonisés à une température...
-
FOUILLES D'HERCULANUM ET DE POMPÉI (Italie)
- Écrit par Barthélémy JOBERT
- 239 mots
- 1 média
Menées à l'initiative du roi de Naples et de Sicile, Charles de Bourbon, les fouilles sur le site d'Herculanum (depuis sa découverte, en 1709, jusqu'à la fouille proprement dite, en 1738) et sur celui de Pompéi (fouillé à partir de 1748) eurent de profondes conséquences sur l'idée...
-
CAMPANIE
- Écrit par Noëlle de LA BLANCHARDIÈRE
- 2 806 mots
- 4 médias
Depuis que, vers le milieu du xviiie siècle, ont commencé les fouilles systématiques de Pompéi etd'Herculanum, ces deux villes au sud de Naples, détruites par l'éruption du Vésuve en 79, ont la réputation de rassembler toutes nos connaissances sur l'architecture urbaine antique. Certes, la... -
HABITAT - L'habitat gréco-romain
- Écrit par Bernard HOLTZMANN
- 6 537 mots
- 16 médias
...villes ensevelies par l'éruption du Vésuve, en 79 après J.-C. : Pompéi, ville résidentielle de 20 000 habitants, et la petite station balnéaire chic d' Herculanum (4 000 hab.). Sauf quelques rares domus anciennes (« maison du Chirurgien » : ive-iiie s. av. J.-C.), les maisons qu'on y a dégagées... -
NATURE MORTE
- Écrit par Robert FOHR
- 5 700 mots
- 10 médias
...mosaïque marine de la villa du Faune à Pompéi, la perdrix morte accompagnée de deux grenades mûres, qui compose le sujet d'une fresque d' Herculanum, ne sont-ils pas, en même temps que des invites épicuriennes à jouir de la beauté de la nature et des plaisirs d'ici-bas, de troublants rappels... -
NÉO-CLASSICISME, arts
- Écrit par Mario PRAZ et Daniel RABREAU
- 8 074 mots
- 13 médias
...vient d'esquisser, il faut reconnaître aussi l'importance de facteurs auxquels on attribuait autrefois la paternité du style néo-classique, notamment les fouilles d'Herculanum entreprises en 1748 par Charles III de Bourbon, roi de Naples, dont les résultats furent publiés dans les huit magnifiques volumes... - Afficher les 7 références