HERCYNIENS MASSIFS ou MASSIFS VARISQUES
Subdivision et organisation de la chaîne varisque
Une coupe continue nord-ouest - sud-est peut être étudiée (au prix de quelques décalages en échelon) au travers des diverses zones longitudinales de la chaîne varisque sur la transversale privilégiée Massif schisteux rhénan-Thuringe-Bohême. On rencontre successivement : l'avant-pays, la zone subvarisque, la zone rhéno-hercynienne, la ride cristalline médio-allemande, la zone saxo-thuringienne, la zone moldanubienne, le rameau méridional varisque.
– L'avant-pays, affleurant dans le Brabant, est connu par sondages en Hollande et en Westphalie ; le Houiller paralique (Westphalien productif) y forme encore maintenant un matelas étendu sur le calcaire carbonifère dinantien, reposant subhorizontalement, à son tour, sur un Dévonien continental réduit transgressif.
– La zone subvarisque n'est autre que la marge méridionale de cette zone sédimentaire d'avant-pays (avec le même Houiller, comparable à une molasse d'avant-fosse), mais ici atteinte par les dernières phases de l'orogenèse varisque. Ce plissement frontal est modéré à l'est (Ruhr) ; il est énergique à l'ouest (Boulonnais, bassin houiller franco-belge), avec des écaillages spectaculaires (charriages cisaillants), qui ont été retrouvés en Angleterre, en position comparable, dans les Mendip Hills (Somersetshire). Le principal contact anormal charrie le front de l'Ardenne sur le bassin houiller (charriage « eifélien », dit aussi « du Condroz » ou « du Midi »).
– La zone rhéno-hercynienne comprend l'Ardenne, le Massif schisteux rhénan, le Harz. Le Dévonien, surtout schisteux et gréseux, repose, selon les cas, en discordance ou en concordance sur le Cambro-Silurien. Il est souvent de très grande épaisseur, avec une disposition paléogéographique, rapidement mouvante dans le temps, en zones de hauts-fonds et de sillons, assimilables à des géanticlinaux frangés de récifs coralliens (exemple : Siegenland, ) et à des géosynclinaux partiels (sillon Eifel-Sauerland, sillon Hesse-Lahn-Dille). Ces derniers comportent parfois un volcanisme initial alcalin : ainsi au nord du Taunus. Le Dinantien, encore calcaire dans la région marginale du nord-ouest, prend vers le sud-est le faciès « Culm », lequel a les caractères sédimentologiques d'un flysch ; cette même région a subi son plissement principal à la fin du Dinantien (phase sudète), après quelques mouvements préliminaires. La tectonique est à la fois simple dans l'ensemble et très compliquée dans le détail, comportant de nombreux plis isoclinaux déversés au nord-ouest et accompagnés d'un clivage schisteux généralisé ; le tout peut être recoupé par des chevauchements cisaillants tardifs sans grande ampleur (sauf dans l'Ardenne). L'existence d'une grande nappe de charriage dans le Harz reste très discutée. Dans la zone rhéno-hercynienne, le métamorphisme varisque est nul ou faible, et, dans ce dernier cas, localisé en taches circonscrites (anticlinorium de l'Ardenne) ou, dans la région la plus méridionale (Harz oriental, Hunsrück), formant passage à la zone suivante.
– La ride cristalline médio-allemande correspond à une bande où dominent les roches très métamorphiques, comprenant probablement à la fois du Paléozoïque inférieur et du Précambrien. Cette zone n'affleure que de loin en loin (Odenwald, Spessart, Thuringe septentrionale), partout ailleurs ensevelie sous les molasses d'intrafosses (exemple : bassin permo-houiller de la Sarre) et le Mésozoïque. Elle aboutirait, à l'ouest, à la Manche occidentale, par le tréfonds gneissique du pays de Bray, bordé au nord par des chloritoschistes connus en sondages (Picardie).
– La zone saxo-thuringienne est très complexe ; elle n'est pas métamorphique au nord, ou l'est très peu ; elle est très métamorphique au sud[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- François ELLENBERGER : professeur émérite à l'université de Paris-Sud
Classification
Médias
Autres références
-
ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages
- Écrit par François REITEL
- 8 281 mots
- 6 médias
...Il s'agit de l'Allemagne moyenne, située entre l'Allemagne alpine et la plaine du Nord, les délimitations nettes n'étant pas toujours faciles à établir. Les influences hercyniennes prévalent, c'est-à-dire plissements prétriasiques, massifs cristallins et métamorphisés, faibles couvertures sédimentaires,... -
BERG
- Écrit par Pierre RIQUET
- 684 mots
En allemand, le mot Berg signifie tout à la fois la montagne et la mine, et l'association n'est pas fortuite. Il s'agit moins de la haute montagne, où l'on reconnaît plutôt des massifs (Gebirge) et des crêtes qui s'attirent les noms de Spitze, Stein, Kopf, que...
-
EUROPE - Géologie
- Écrit par Jean AUBOUIN et Pierre RAT
- 10 020 mots
- 6 médias
L'Europehercynienne forme la plupart des massifs anciens de l'Europe centrale et de l'Europe occidentale : ceux-ci sont isolés les uns des autres par des bassins sédimentaires mésozoïques et cénozoïques ou par des fossés cénozoïques liés à l'orogenèse alpine. Par conséquent, à la différence de l'Europe... -
FRANCE (Le territoire et les hommes) - Géologie
- Écrit par Jean AUBOUIN , Jean COGNÉ , Michel DURAND-DELGA , François ELLENBERGER , Jean-Paul von ELLER , Jean GOGUEL , Charles POMEROL , Maurice ROQUES et Étienne WINNOCK
- 16 692 mots
- 24 médias
Le Massif central français est un fragment de lachaîne hercynienne dont le plissement se situe vers la fin du Paléozoïque. Ce massif n'apparaît cependant pas sur une carte comme une chaîne linéaire, mais, selon l'expression des géographes, comme un « plateau central » d'une largeur de 300 kilomètres... - Afficher les 8 références