HÉRÉSIE
Hérésie et schisme
La distinction s'est faite très tôt entre hérésie et schisme, même si on ne la trouve juridiquement exprimée que dans le droit canon de la papauté médiévale. Ainsi Origène se demande-t-il, au iiie siècle, s'il faut considérer le montanisme, un mouvement prophétique, comme une hérésie ou un schisme. D'un côté, il s'agit de rompre avec la tradition doctrinale de la grande Église et de revendiquer en même temps une légitimité fondée sur la personne et le message du Christ ; de l'autre, de faire sécession pour protester contre une forme particulière de l'épiscopat ou contre ses décisions en matière de discipline. Mais les mobiles du schisme et de l'hérésie s'additionnent souvent. Il est clair, par exemple, que la Réforme possède les deux caractères ; et le parti catholique n'a pas manqué d'appliquer à la fois les qualificatifs de schismatiques et d'hérétiques aux protestants. Si un groupe perçu comme hérétique par les clercs peut revendiquer son appartenance à l'Église et vivre sur ses marges, dès lors qu'il est formellement rejeté, il crée un schisme, si du moins il se constitue en Église rivale. Tel est le cas du marcionisme au iie siècle. Inversement, les accusations réciproques d'hérésie peuvent conforter dans leurs positions respectives les partisans et les adversaires d'un schisme, comme cela s'est produit pour Novatien et les rigoristes qui refusaient de reconnaître les évêques suspects de tiédeur lors de la persécution de Dèce. Il reste que les questions doctrinales ont eu un rôle secondaire dans certains des plus grands schismes, par exemple dans celui qui a fini par séparer l'Église byzantine et celle d'Occident.
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Écrit par
- Alain LE BOULLUEC : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, section des sciences religieuses
Classification
Média
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