HÉRÉSIE
La répression des hérésies
Avant que le christianisme ne devienne religion d'État sous Constantin, seules les mesures disciplinaires prises par les autorités ecclésiastiques frappent les hérétiques. En plus de l'exclusion de ceux-ci, elles peuvent ordonner la destruction de leurs ouvrages. Origène y fait allusion, pour critiquer un tel usage. Mais, dans l'Empire chrétien, les hérétiques subissent souvent, en outre, des peines temporelles, telles que le bannissement et la perte de leurs droits civils. Le premier à être condamné à mort, cependant, est l'évêque espagnol Priscillien, exécuté à Trèves en 385 sur l'ordre de l'empereur Maxime. Si les théologiens de l'époque savent justifier de telles violences, celles-ci émanent du pouvoir impérial, qui voit dans les hérésies des sources de troubles sociaux et politiques. Les codes Théodosien (438) et Justinien (529) comportent des dispositions sévères. Mais c'est en Occident, au Moyen Âge, au xiiie siècle, que se multiplient les exécutions des irréductibles, que les autorités de l'Église, avec la mise en place de l'Inquisition, prennent l'initiative de livrer au bras séculier. Dans les Églises issues de la Réforme, la rigueur est de règle au début. Sous la pression des événements, Luther lui-même durcit son attitude. Calvin considère que l'État a le devoir de punir par le glaive le « blasphème contre Dieu ». Le supplice de Servet à Genève en 1553 trouble fort les esprits. Mais, au xviiie siècle, les luthériens allemands vont jusqu'à répudier la catégorie même d'hérésie. Si Schleiermacher l'a réintroduite dans la dogmatique, c'est à titre de problème théorique.
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Écrit par
- Alain LE BOULLUEC : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études, section des sciences religieuses
Classification
Média
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