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HÉRITAGE DES DOGON (repères chronologiques)

1907 Le lieutenant Louis Desplagnes publie dans le Plateau central nigérien, une collection d'objets « dogon ».

1931 Marcel Griaule (étudiant de Marcel Mauss) et Michel Leiris s'émerveillent, lors de l'expédition Dakar-Djibouti, de l'étonnante richesse de la culture des Dogon, et collectent pour le musée de l'Homme.

1935 Griaule démarre un programme d'enquêtes intensives en pays dogon qu'il conduira pendant vingt-cinq ans et que ses collaborateurs poursuivront.

1938 Parution des ouvrages de Marcel Griaule Jeux dogons et Masques dogons. Griaule découvre dans une grotte du village d'Ibi les grands masques créés à l'occasion de la cérémonie du Sigui (initiation de jeunes garçons). Un seul « grand masque » est fait tous les soixante ans au moment du Sigui. Le plus ancien des neuf masques retrouvés remonte au début du xve siècle, datant ainsi l'installation des Dogon dans la région de Sanga.

1946 Griaule rencontre un vieux chasseur dogon, Ogotemmêli, qui lui dévoile longuement la cosmogonie dogon « aussi riche que celle d'Hésiode » selon les termes de l'ethnologue.

1948 Publication de ces entretiens sous le titre Dieu d'eau. Ce livre révolutionne l'ethnologie.

1954 Le collectionneur Pierre Langlois publie dans Arts soudanais : Tribus dogons une série de statues en bois, recouvertes d'une importante patine croûteuse. Elles sont attribuées aux Tellem parce qu'elles proviennent du pillage de grottes que les Dogon disent avoir été occupées par leurs prédécesseurs, qu'ils nomment « Tellem ».

1964-1971 Une équipe de chercheurs de l'Université d'État d'Utrecht (Pays-Bas) explore les grottes des falaises de Bandiagara. Rogier Bedaux met en évidence l'existence de deux cultures précédant l'installation des Dogon dans la région, la culture Toloy (iiie-iie siècle avant notre ère) ; la culture Tellem (xie-xve siècle).

1977 Tamara Northern du Museum of Primitive Art de New York fait analyser par la méthode du radiocarbone une collection d'œuvres dites « Tellem » et d'œuvres dites « Dogon ». Les résultats montrent qu'il n'y a pas de corrélation entre le style des objets analysés, leur attribution « ethnique », et leur datation.

1981 Alain Gallais publie Le Sanyere dogon. Archéologie d'un isolat. Mali. Grâce à l'étude de la culture matérielle d'un groupe dogon excentrique par rapport aux Dogon de Sanga (ceux qu'avaient étudiés Griaule et son école), il confirme l'importance des différences régionales au sein du pays dit Dogon.

1988 Dans Art of the Dogon, présentation de la collection L. Wunderman, industriel américain qui s'était passionné pour les Dogon dans les années 1930, Kate Ezra fait le bilan de quatre-vingts années d'étude sur l'art dogon : pertinence non établie de la distinction entre Tellem et Dogon dans l'attribution des œuvres d'art ; critique de l'école de pensée de Griaule et de son « tout mythologique » dans l'interprétation de l'art dogon ; affirmation de la nécessité de replacer l'œuvre dans son contexte en considérant l'art dogon non comme l'héritage d'une entité culturelle isolée dans sa falaise-forteresse – ce que le discours ethnologique a pu laisser croire – mais comme l'expression d'un peuple inscrit dans l'histoire et par conséquent culturellement complexe.

— Laurence GARENNE-MAROT

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