HESSE HERMANN (1877-1962)
Hermann Hesse, poète, romancier, critique et éditeur, appartient à cette famille d'auteurs qui étonnent, irritent et provoquent, mais suscitent également l'enchantement et l'enthousiasme. Son œuvre semble, en tout cas, exclure l'indifférence. Cela tient avant tout aux critiques de Hesse lui-même, dirigées à la fois contre la société industrielle et contre sa propre personne. Cette disposition à se mettre toujours en question l'a conduit de crise en crise et l'a rendu apte à exprimer la crise européenne, qu'il représente sous sa double face : processus de destruction, mais aussi promesse d'une renaissance. L'œuvre de Hesse illustre dans une large mesure ce « principe de l'espérance » qui, selon le philosophe Ernst Bloch, caractérise l'utopie des créations artistiques.
La tradition romantique
Deux témoignages sont révélateurs dans l'enfance de Hesse : d'après sa mère, il fut un enfant difficile ; quant à lui, il a fortement idéalisé cette époque. Son enfance lui a laissé des souvenirs émus et sans mélange, elle est restée le paradis perdu par opposition à l'univers plat et commun des adultes, auquel on ne peut échapper que grâce au charme et à la magie de la poésie. Le héros de ses romans est presque toujours l'ennemi juré de la médiocrité, l'épouvantail du petit-bourgeois. Très tôt, Hesse se distingue par son refus de la contrainte collective et de l'autorité, et par l'aspiration à un monde idéal. Sa jeunesse est pleine de révoltes et de turbulences. Il parvient bien difficilement au seuil de l'âge adulte. Les premiers essais poétiques du jeune libraire sont fortement enracinés dans la tradition romantique allemande. Les Chansons romantiques, Une heure après minuit (1899), Hermann Lauscher (1901) expriment en images mélancoliques la nostalgie d'un univers de rêve et l'isolement dans la réalité. De là cette fuite dans le royaume de l'art. Même si Hesse rejette plus tard l'esthétisme de ses jeunes années, la recherche platonique de l'utopie du beau, du vrai et du bien restera un trait essentiel de sa création. Nature et tradition sont les pôles entre lesquels oscille son œuvre, délibérément en rupture avec la réalité. Dans Peter Camenzind, publié en 1904, son premier succès de romancier, le héros fuit la ville pour retourner à ses montagnes natales et finit par s'y révéler poète. Ce thème de la recherche de soi-même trouve un large écho auprès d'une jeunesse en conflit avec le monde des pères, qui proteste contre la société industrielle moderne, préfère la campagne à la ville et commence à se constituer en associations. Mais à cette époque déjà, Hesse rejette toute sorte d'accommodement avec la collectivité. C'est l'individu qui l'intéresse, parce qu'il représente la dernière certitude dans une culture en décadence et en même temps la première promesse d'une renaissance.
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Écrit par
- Barbara BELHALFAOUI : maître assistant à l'université de Paris-IV (U.E.R. d'études germaniques), docteur de troisième cycle
Classification
Média
Autres références
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LE LOUP DES STEPPES, Hermann Hesse - Fiche de lecture
- Écrit par Francis WYBRANDS
- 617 mots
- 1 média
Dans une lettre datée du 3 janvier 1928, Thomas Mann écrit à Hermann Hesse que Le Loup des steppes (Der Steppenwolf), paru à Berlin en 1927, lui a « réappris à lire ». Ce roman, l'un des plus célèbres de l'auteur, écrit au sortir d'une crise de plusieurs années marquée par deux divorces, une dépression,...