ABS HERMANN JOSEF (1901-1994)
Hermann Josef Abs est né le 15 octobre 1901 à Bonn, dans un milieu très catholique ; son père était avocat d'affaires, sa mère appartenait à une famille de fabricants de textile. Ses deux frères furent tués pendant la Première Guerre mondiale. Hermann, qui jouait du piano et du clavecin, voulait étudier la musique et les mathématiques. Après le baccalauréat, il renonce cependant aux études et entre comme stagiaire dans une banque juive de Bonn dont le propriétaire, Louis David, lui prédit une « carrière extraordinaire ».
De 1933 à 1935, il travaille pour une banque privée à Cologne et suit pendant un semestre des cours du soir, en droit, à l'université. En 1935, il est déjà associé de la banque Delbrück, Schickler & Co. à Berlin. Il voyage et apprend des langues vivantes. Déjà remarqué par les responsables des grandes banques, il fait son entrée en 1937 au directoire de la Deutsche Bank (Banque allemande) à Berlin, où il assume la responsabilité du secteur étranger jusqu'en 1945.
Hermann J. Abs n'adhère pas au N.S.D.A.P. (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei) et se dit proche des milieux de la Résistance comme le Kreisauer Kreis (Cercle de Kreisau). Il est cependant inquiété en 1946, car il était membre du directoire d'I.G. Farben qui s'approvisionnait en main-d'œuvre à bon marché au camp de concentration d'Auschwitz. Il gagnera son procès contre un auteur de République démocratique allemande (Eberhard Czichon) qui prétendait qu'il avait dépouillé des juifs allemands de leurs biens.
Il joue un rôle déterminant dès 1948 en participant à la fondation de la Kreditanstalt für Wiederaufbau (Établissement de crédit pour la reconstruction) qui canalise les crédits du plan Marshall. Il en sera le premier président, puis le président d'honneur. Il intervient également lors de la fondation de la Banque des Länder allemands dont naîtra la Bundesbank (la Banque fédérale) en 1957. En 1952, il conduit avec brio les négociations de Londres sur la dette du Reich allemand ; face à soixante-cinq pays créanciers, il en obtient une réduction de 35 à 14,5 milliards de deutsche Mark. Signé en février 1953, cet accord permet à l'Allemagne de gagner sa crédibilité internationale ; la monnaie allemande devient convertible un an plus tard. En 1957, il préside tout naturellement la Deutsche Bank et passe, à partir de 1967, dix ans à la présidence du conseil de surveillance de ce même établissement, dont il sera ensuite président d'honneur. Fondée en 1870, la Deutsche Bank est la plus grande banque privée allemande.
Avec Robert Pferdemenges, il est l'un des principaux conseillers financiers du chancelier Adenauer. Il siège dans près de trente conseils d'administration des plus grandes sociétés. Son expérience est également très appréciée à l'étranger. Véritable mécène des arts et de la culture, cet homme de réflexion ne prenait que des risques calculés. Doté d'une mémoire prodigieuse, il cultivait volontiers l'ironie et les mots d'esprit. Homme de pouvoir, il avait conscience de son influence.
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Écrit par
- Henri MÉNUDIER : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média