MUTHESIUS HERMANN (1861-1927)
En octobre 1907 se réunissaient à Munich douze artistes et les représentants de douze firmes industrielles allemandes. Ils décidaient de fonder une association qui projetait de coordonner tous les efforts vers une production d'objets de qualité. Ce fut le Werkbund : à sa tête, on remarqua bientôt un pangermaniste convaincu, l'architecte Hermann Muthesius. Plusieurs années attaché culturel à l'ambassade d'Allemagne à Londres, il en avait ramené deux ouvrages rédigés par lui sur l'architecture de la maison anglaise avec un talent de vulgarisateur passionné : durant sa vie, il a publié des centaines d'articles où il a pu apparaître, avant Le Corbusier, comme un missionnaire de l'esthétique quotidienne. Sa place était donc tout naturellement dans le Werkbund et dans le mouvement allemand des cités-jardins dont il sera le conseiller artistique.
Constructeur de luxueuses résidences mafflues, Muthesius se départira rarement d'un goût prononcé pour les formes consacrées de l'architecture germanique, en particulier le toit pentu que les nazis rendront plus tard obligatoire. Ce n'est pas dans ce domaine qu'il faut chercher l'originalité de ce maître. Elle tient à ce qu'il a porté l'accent sur la question clé posée aux créateurs modernes travaillant en liaison avec l'industrie, celle de la standardisation.
Elle s'imposa en juillet 1914 au congrès du Werkbund : tous les débats ultérieurs de l'esthétique industrielle y furent lancés publiquement pour la première fois. Muthesius affirma que la standardisation représentait une concentration de forces vives. On y parviendrait par des regroupements d'artistes mettant leur créativité en commun. Henry Van de Velde, au nom des innovateurs solitaires, répondit à Muthesius qu'il incombait à ceux-ci de dicter leur loi aux industriels. Malgré leur antagonisme, les deux hommes méditaient cependant un projet commun : établir les fondements d'un style nouveau pouvant témoigner de leur époque. Partisan de la guerre à outrance, Muthesius écrivit, en 1914-1918, des ouvrages et des brochures qu'il est préférable d'oublier. Il mourut accidentellement tandis qu'il visitait un chantier.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Roger-Henri GUERRAND : professeur émérite à l'École d'architecture de Paris-Belleville
Classification
Autres références
-
BAUHAUS
- Écrit par Serge LEMOINE
- 4 461 mots
- 6 médias
L'« aventure » du Bauhaus ne se conçoit guère que dans le climat artistique très particulier de l'Allemagne du début de ce siècle. Hermann Muthesius, continuant John Ruskin et William Morris, avait déjà fondé, le 6 octobre 1907, le Deutscher Werkbund, pour tenter d'établir une coopération entre... -
RATIONALISTE ARCHITECTURE
- Écrit par Jean-Louis AVRIL
- 4 312 mots
- 2 médias
...la standardisation : fruit d'un long et tumultueux débat européen sur les rapports entre l'art et l'industrie, cette conviction exprimée en 1914 par Hermann Muthesius (1861-1927), au sein du Deutscher Werkbund, deviendra après la guerre le credo de toute l'avant-garde. Walter Gropius l'imposera au ... -
WERKBUND DEUTSCHER
- Écrit par Robert L. DELEVOY
- 655 mots
En 1902, alors même qu'il est attaché à l'ambassade d'Allemagne à Londres et qu'il arrive au terme d'une scrupuleuse enquête sur l'utopisme pratique et théorique de William Morris, l'architecte allemand Hermann Muthesius entreprit d'ébranler les mouvements...