PREY HERMANN (1929-1998)
À l'opéra, le baryton Hermann Prey a marqué les principaux rôles mozartiens de sa personnalité. Au concert, il s'est imposé comme l'un des plus remarquables chanteurs de lieder allemands.
Né à Berlin, le 11 juillet 1929, il entre à l'âge de dix ans dans le chœur Mozart de sa ville natale. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il échappe à l'enrôlement dans les bataillons nazis. Il commence des études musicales professionnelles en 1948, à la Hochschule für Musik de Berlin, où il est l'élève de Günther Baum, de Jaro Prohaska et de Harry Gottschalk. Il donne son premier récital de lieder trois ans plus tard.
En 1952, il est lauréat d'un concours de chant organisé à Nuremberg par l'armée américaine d'occupation : le prix consiste en une tournée aux États-Unis. À son retour, il est engagé à l'Opéra de Wiesbaden pour chanter Moruccio dans Tiefland d'Eugen D'Albert, puis le deuxième prisonnier dans Fidelio de Beethoven. Un an plus tard, Günther Rennert lui propose un contrat à l'Opéra de Hambourg (1953-1960) : il y découvre tous les grands rôles mozartiens qui vont marquer profondément sa carrière, mais il y chante aussi le répertoire contemporain (Rolf Liebermann, Luigi Dallapiccola...). En 1955, il incarne Figaro dans Le Barbier de Séville à l'Opéra de Vienne et crée le rôle de Meton dans Pallas Athene weint d'Ernst Krenek à Hambourg. En 1959, il débute sur la scène du festival de Salzbourg dans le Barbier de La Femme silencieuse de Richard Strauss et, un an plus tard, au Metropolitan Opera de New York dans Wolfram (Tannhäuser). La même année 1960, il participe à la création du Prince de Hombourg de Hans Werner Henze. En 1962, il entre dans la troupe de l'Opéra de Munich, qu'il ne quittera plus. La même année, il reçoit le titre de Kammersänger et débute au festival d'Aix-en-Provence dans Don Giovanni. En 1965, il participe à la première représentation en Grande-Bretagne d'Intermezzo de Richard Strauss, au festival d'Édimbourg, et débute au festival de Bayreuth dans Wolfram. Il est invité à la Städtische Oper de Berlin (-Ouest), à la Scala de Milan, au Teatro Colón de Buenos Aires, à l'Opéra de Chicago (1971). Sa première apparition à Covent Garden n'intervient qu'en 1973 (Le Barbier de Séville). En 1981, il revient à Bayreuth pour y chanter Beckmesser (Les Maîtres chanteurs de Nuremberg).
En marge de cette brillante carrière à l'opéra, il s'impose comme l'un des meilleurs chanteurs de lieder de sa génération : sa curiosité et son immense culture musicale l'entraînent bien au-delà des grands cycles de Schubert, de Schumann ou de Brahms. Il se passionne pour Hugo Wolf, Hans Pfitzner et Carl Loewe ; il crée des œuvres de Günter Bialas. En 1982, il devient professeur à la Musikhochschule de Hambourg. En 1988, il fait ses débuts de metteur en scène avec une nouvelle production des Noces de Figaro de Mozart, dans le cadre des semaines Mozart de Salzbourg. Il continue à se produire régulièrement et meurt d'une crise cardiaque le 23 juillet 1998 à Krailing, près de Munich. Trois jours plus tôt, il était encore sur la scène de l'Opéra de Munich.
Au cours de sa carrière lyrique, Hermann Prey n'a chanté qu'un petit nombre de rôles : Guglielmo, le Comte des Noces de Figaro et, surtout, Papageno (La Flûte enchantée) restent dans toutes les mémoires. La chaleur et l'étendue de sa voix de baryton lyrique, la précision de sa diction, sa simplicité et un talent de comédien incontestable le rendaient particulièrement à l'aise sur scène. En dehors du Figaro de Rossini et du Docteur Malatesta dans Don Pasquale de Donizetti, il a relativement peu chanté l'opéra italien. En revanche, il a participé à de nombreuses représentations ou enregistrements d'ouvrages lyriques allemands[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification
Média