REIMARUS HERMANN SAMUEL (1694-1768)
Homme de lettres et philosophe allemand, célébré à l'époque des Lumières pour son déisme affirmé, Hermann Samuel Reimarus, né à Hambourg, fit ses études à l'université d'Iéna et donna des cours à Wittenberg et à Weimar. À partir de 1727, il enseigna l'hébreu et les langues orientales au lycée de Hambourg, puis y devint titulaire de la chaire de mathématiques. À la suite de son mariage en 1728 avec Johanne Friederike Fabricius, il fit de sa maison un rendez-vous où se réunissaient savants et artistes.
Profitant de la documentation rassemblée par son beau-père J. A. Fabricius, il établit, en excellent philologue qu'il était, une remarquable édition de Dion Cassius (1750-1752). Dans sa première œuvre importante, Traités sur les vérités essentielles de la religion naturelle (Abhandlungen von den vornehmsten Warheiten der natürlichen Religion, 1754), il répartit les problèmes philosophiques selon trois domaines (cosmologie, biologie et psychologie, théologie) qu'il unit dans un système déiste. Il publia encore Doctrine de la raison (Die Vernunftlehre, 1756), ouvrage qui fut immédiatement suivi par la première version de son œuvre principale, Considérations générales sur les instincts des animaux (Allgemeine Betrachtungen über die Triebe der Tiere, 1760), qu'il améliora et à laquelle il travailla jusqu'à sa mort : cette tentative de présentation des caractères proprement animaux aboutissait à une psychologie animale assez complexe et originale pour l'époque.
Reimarus mourut à Hambourg après avoir retiré de la publication une de ses œuvres les plus importantes, Apologie et défense des adorateurs raisonnables de Dieu (Apologie oder Schutzschrift für die vernünftigen Verehrer Gottes). G. E. Lessing souleva une violente polémique, qui le mit aux prises notamment avec le théologien Goeze, lorsqu'il fit imprimer des fragments de cette œuvre (sous le titre Wolfenbütteler Fragmente) dans son ouvrage intitulé Zur Geschichte und Litteratur (1774-1777). Andreas Riem, sous le pseudonyme de C. A. E. Schmidt en 1797, puis D. W. Klose, en 1850-1852, publièrent d'autres passages de l'œuvre de Reimarus. Enfin, D. F. Strauss donna un résumé de manuscrit dans H. S. Reimarus und seine Schutzschrift (1862). L'idée directrice de l'ensemble de cette œuvre de Reimarus est celle d'un déisme conforme aux exigences de la pure rationalité. L'auteur rejette les miracles et les mystères, à l'exception de la Création ; les vérités essentielles de la religion naturelle qu'il défend, et qui est en contradiction totale avec la religion révélée, sont l'existence d'un Dieu bon et sage et l'immortalité de l'âme. Reimarus s'en prend notamment, à propos de la critique biblique, à l'orthodoxie et il affirme que Jésus n'est pas l'auteur du dogme de la rédemption.
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Écrit par
- Louise LAMBRICHS : maître en philosophie
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