Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HERMÉTISME

Les traités magiques

Tenu pour le père de la magie, Hermès est naturellement mentionné dans certaines recettes magiques retrouvées dans les papyrus, tandis que d'autres empruntent directement ou indirectement au Corpus Hermeticum. Nous possédons sous son nom un important ouvrage de magie médicale, les Kyranides (Κυρανίδες), réunion de deux traités distincts, la Kyranis (Κυρανίς), qui en constitue le livre I, et les Koiranides (Κοιρανίδες), qui forment les livres II, III et IV. La Kyranis, dont le titre provient peut-être de Kyranos (un prétendu roi de Perse dans la tombe duquel l'ouvrage aurait été découvert), comprend des éléments grecs, babyloniens, mithraïques et juifs ; il remonte au iiie siècle. Pour chacune des vingt-quatre lettres de l'alphabet grec sont donnés les noms grecs d'un oiseau, d'une plante, d'un poisson et d'une pierre ayant cette lettre pour initiale. Ces êtres sont donc liés par la magie des lettres et des mots, les noms, imposés par le Démiurge, ayant un rapport naturel avec les choses. En gravant sur la pierre la figure de l'oiseau dont les pattes reposent sur le poisson, et en serrant dans un sachet cette pierre avec un morceau de la plante et du cœur de l'oiseau, on obtient une puissante amulette pour guérir ou pour charmer. La version primitive de ce traité fut remaniée au ive siècle par un certain Harpokration d'Alexandrie et les deux versions furent refondues ensemble, avant le viiie siècle, par un Byzantin. Notons que, dans son Prologue, Hermès mentionne un de ses précédents ouvrages qui était intitulé Ἀρχαικὴ βίϐλος (ce titre signifiant plutôt « Le Livre des causes » que « Le Livre ancien ») et qui traitait de la magie animalière. Il semble être relié aux Φυσικά de Bolos de Mendès ainsi qu'aux ’Ιερὰ βίϐλοι esséniens et dater du ier ou du iisiècle. Les Koyranides, ou « livre court d'Hermès », furent réunis à la Kyrianis par le même rédacteur byzantin. Leurs sources remontent au iiie siècle avant J.-C. et elles furent compilées en Égypte. L'ouvrage original formait un bestiaire où les animaux étaient étudiés, par ordre alphabétique, dans une perspective médicale, selon les remèdes qu'on en pouvait tirer. En harmonie avec la hiérarchie hermétique des éléments (feu, air, terre, eau), le livre Ier portait sur les oiseaux, le livre II sur les animaux terrestres et le livre III sur les poissons.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : docteur en philosophie, attaché de recherche au C.N.R.S.

Classification

Média

Le pharaon devant Haoëris - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le pharaon devant Haoëris

Autres références

  • ALCHIMIE

    • Écrit par et
    • 13 642 mots
    • 2 médias
    Aussi l'élaboration alchimique littéraire de l'« hermétisme » alexandrin ne peut-elle être confondue avec la gnose alchimique islamique : synthèse universelle opérée par des conquérants et pour des conquérants, « guerre sainte » pour la délivrance de l'âme, dont l'aspect historique était transcendé...
  • BRUNO GIORDANO (1548-1600)

    • Écrit par
    • 5 290 mots
    ...hermétique véhiculée par Marsile Ficin. Ces recherches ont pourtant abouti à diluer la pensée de Bruno dans les correspondances symboliques propres à l' hermétisme du Pimandre et de l'Asclepius. Certes, elles ont permis d'identifier les emprunts que fit Bruno à des doctrines très hétéroclites. Mais...
  • CERCLE, symbolisme

    • Écrit par
    • 659 mots

    Le cercle est une figure qui exerce une réelle fascination sur l'imagination humaine. Ce fait ne peut être réduit à une simple dimension subjective ; il reflète tout autant une dimension objective, constituant ainsi l'un des archétypes les plus universels.

    C'est à travers la...

  • DJĀBIR IBN ḤAYYĀN (VIIIe s.)

    • Écrit par
    • 446 mots

    Il existe un volumineux corpus arabe d'environ trois mille traités, relevant de l'hermétisme et de l'alchimie, qu'on a pendant des siècles attribué dans sa totalité à Abū Mūsa Djābir ibn Ḥayyān, penseur fervent (il reçut le surnom d'al-Ṣūfi) qui, vivant au ...

  • Afficher les 19 références