HERMÉTISME
Les textes philosophiques
Les textes philosophiques d'Hermès se répartissent, selon la manière dont ils nous ont été transmis, en trois groupes : 1. Le Corpus Hermeticum. C'est une collection de dix-sept brefs traités dialogués (souvent fragmentaires) dans lesquels Hermès enseigne à son fils Tat ou à Asklepios. Cette collection fut réunie entre le vie et le xie siècle, peut-être par Michel Psellos. Le premier de ces traités, le Poïmandres (Ποιμάνδρης), ou Pimandre, donna longtemps son titre à l'ensemble du recueil. Poïmandres, qui est le nom du « Noûs de la souveraineté absolue », serait dérivé de l'égyptien ou du copte P-eime-n-ré (connaissance du dieu soleil Rê) ou du grec ποιμήν ἀνδρω̄ν, signifiant alors « berger des hommes ». Certains de ces traités, comme le Poïmandres et le traité X, présentent de véritables résumés de l'enseignement d'Hermès (cosmogonie, anthropologie, eschatologie) ; les autres s'attachent à des questions plus particulières (problèmes du mouvement, du vide, du temps et de l'éternité, de la régénération, etc.). 2. L'Asclepius. Le titre original de cet ouvrage, qui est antérieur au ive siècle et qui, excepté quelques fragments, ne nous est conservé que dans l'adaptation latine du pseudo-Apulée, était Λόγος τέλειος (« Le Discours parfait »), que Lactance cite et traduit par Sermo perfectus, et le pseudo-Augustin par Verbum perfectum. Il offre, lui aussi, une vue d'ensemble de la gnose hermétique en traitant des « trois vivants » – Dieu, le monde, l'homme – et insiste sur la position intermédiaire et centrale de ce dernier dans la hiérarchie des êtres. Il n'est pas certain que cet ouvrage soit dû à un même auteur. On a voulu y voir la juxtaposition d'au moins quatre traités distincts ; il s'agit plutôt d'une manière de patchwork, où l'auteur compile toutes sortes de documents hermétiques, mais en donnant à son ouvrage une unité substantielle quoique souvent assez lâche. 3. Trente-neuf fragments extraits de l'Anthologium de Stobée. Ce sont des fragments d'inégale longueur qui portent sur les sujets les plus divers et dont le plus important est sans doute un extrait de la Koré Kosmou (Κόρη κόσμου, « la fille [ou pupille] du monde »), dialogue entre Isis et Horus narrant la création du monde et des âmes.
À ces textes le codex VI de la bibliothèque gnostique de Nag Hammâdi a ajouté cinq traités traduits en copte, dont deux recoupent l'Asclepius.
Tous ces traités philosophiques, qui furent composés entre 100 et 300 de l'ère chrétienne, ne comportent, hormis leurs protagonistes, que peu d'éléments égyptiens, mais offrent un mélange de platonisme, d'aristotélisme, de stoïcisme et de thèmes religieux d'origine iranienne. Il n'est guère possible de dégager une doctrine cohérente de leur ensemble. Ils présentent, en effet, des enseignements souvent très différents, voire contradictoires. Ainsi, dans le seul Corpus Hermeticum, les traités III et VIII excluent l'immortalité de l'âme, qui est affirmée dans les traités I et X ; le traité IV assure que Dieu est absolument invisible, tandis que le traité V soutient qu'il est visible dans la création.
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Écrit par
- Sylvain MATTON : docteur en philosophie, attaché de recherche au C.N.R.S.
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