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HERMÉTISME

L'hermétisme au Moyen Âge

Les auteurs latins chrétiens de la fin de l'Antiquité n'avaient pas ignoré les doctrines d'Hermès soit pour les utiliser dans un but apologétique, soit pour les combattre. Tertullien le nomme le « Maître de toutes les sciences » (Adversus Valentinianos, XV) et rapporte son opinion sur l'immortalité de l'âme (De anima, II, 33). Arnobe estime que l'enseignement hermétique s'accorde avec le platonisme et le pythagorisme (Adversus nationes, II, 13). Lactance témoigne d'une importante fréquentation des écrits hermétiques, dont il fait grand cas et qu'il cite souvent dans ses Divinae Institutiones et son Epitome. Saint Augustin, enfin, dans son De Civitate Dei (VIII, 23) donne des extraits de l'Asclepius. Ces auteurs jouèrent un rôle très important dans la diffusion des thèses hermétiques dans la pensée médiévale (Abélard mentionne cinq fois l'extrait du Discours parfait cité par le pseudo-Augustin). Le Moyen Âge latin ignorait, en effet, le Corpus Hermeticum, ainsi que les fragments de Stobée, et ne possédait comme écrit philosophique hermétique que l'Asclepius, cité dès le xiie siècle par Thierry de Chartres. En revanche, il circulait de nombreux textes hermétiques sur les sciences occultes, qu'ils fussent traduits du grec (pour quelques-uns), de l'arabe (pour la plupart) ou de nouveaux apocryphes tel le De VI rerum principiis (xxe s.). Malgré d'importants travaux comme ceux de L. Thorndike, cette littérature reste mal connue. Citons, pour l'astrologie, un Liber de XV stellis, tot lapidibus, tot herbis et totidem figuris, un Liber de XXXVI decanis XII signorum, un Centiloquium ; pour l'alchimie, un Secreta Hermetis inventoris metallorum secundum mutationis naturam, un Tractatus aureus de lapidis physici secreto, un Aqua vitae, sur la fontaine de jeunesse ; pour la nécromancie, un Liber ymaginum ou Liber lunae, connu d'Albert le Grand et de Guillaume d'Auvergne. Cet ouvrage enseigne comment graver des images lorsque la Lune passe dans chacune de ses vingt-huit maisons, images qui, faites avec des fumigations pratiquées sept fois au nom de Dieu et des invocations du nom des anges sept fois répétées, peuvent détruire des maisons ou des villes, rendre fou ou impuissant, rassembler dix mille oiseaux, etc. Un ouvrage semblable, le Liber Veneris (« Livre de Vénus ») est attribué à « Toc » ou « Toz Graecus », sans doute une corruption de Thot Graecus, c'est-à-dire Hermès Trismégiste.

Parmi les ouvrages hermétiques composés au Moyen Âge, il convient de réserver une place à part au Liber XXIV philosophorum (« Livre des vingt-quatre philosophes »), qui propose vingt-quatre définitions de Dieu : la première – « La Monade engendre la monade et réfléchit sur elle-même son ardeur » – fut reprise (avec d'autres) par Alain de Lille, Alexandre de Halès et saint Thomas d'Aquin avant de devenir une des citations favorites de Robert Fludd ; la deuxième – « Dieu est une sphère intelligible dont le centre est partout, la circonférence nulle part » – se retrouvera chez d'innombrables écrivains, dont Rabelais et Pascal.

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Écrit par

  • : docteur en philosophie, attaché de recherche au C.N.R.S.

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Le pharaon devant Haoëris - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le pharaon devant Haoëris

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