HERNÁNDEZ ou FERNÁNDEZ GREGORIO (1570 env.-1636)
Le dernier des grands sculpteurs de l'école de Valladolid incarne l'âme religieuse de l'Espagne de la Contre-Réforme. On est mal informé sur son origine et sa formation, mais il est évident qu'il subit profondément dans sa jeunesse l'influence des maîtres de l'art naturaliste que furent le Bourguignon Juan de Juni et l'Italien Pompeo Leoni.
Cette veine naturaliste caractérise l'époque de la maturité (1612-1623) de Gregorio Hernández. Elle est bien représentée dans des figures de processions conçues isolément ou groupées dans des pasos à plusieurs personnages. À travers elles revivent les cérémonies de pénitence, cette manière de théâtre dans la rue développé durant la semaine sainte dans la dévote Valladolid. Pour complaire à un public populaire, le sculpteur accorde toute son attention aux visages tourmentés par un expressionnisme aisément mélodramatique.
Parmi les images les plus célèbres de cette époque, on citera la Véronique sculptée en 1614 pour un paso de la Montée au Calvaire, à la demande de la confrérie de la Passion (musée de Valladolid). Le mouvement tournant qui anime la statue se retrouve sur le Christ à la Colonne de l'église de la Vera Cruz dans la même ville. Le corps est un nu d'une grande perfection. Quant au visage, son pathétique justifie la légende selon laquelle l'image aurait parlé au sculpteur avant de quitter son atelier. Cet art d'illusion caractérise aussi la Pietà de 1617 (musée de Valladolid), qui se signale par le geste éloquent de Marie.
Dans la dernière phase de son évolution (1623-1636), Gregorio Hernández accorde davantage à la composition baroque. Dans le retable de l'église Saint-Michel de Vitoria (1624-1632), chaque groupe sculpté constitue un ensemble homogène. Le chef-d'œuvre de cet art « pictural » est la grande Assomption du retable du maître-autel de la cathédrale de Plasencia (1624-1634). À la fin de sa vie, l'âme fervente de Gregorio Hernández découvre la profondeur du mysticisme monastique. Il en sera, comme Zurbarán, le témoin fidèle et ému. Son Saint Bruno du musée de Valladolid (1634) est une des plus convaincantes des images de dévotion.
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Écrit par
- Marcel DURLIAT : professeur émérite d'histoire de l'art à l'université de Toulouse-Le-Mirail
Classification
Autres références
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PASOS, sculpture
- Écrit par Marcel DURLIAT
- 982 mots
On désigne du nom de pasos, les statues isolées ou les groupes de statues portés à dos d'homme au cours des processions de la semaine sainte en Espagne. On a discuté sur l'étymologie du terme. Deux hypothèses sont avancées : ce sont des pasos soit parce qu'ils passent,...