HERPÈS
W. Griesinger, en 1857, désigna sous le vocable d'Herpes febrilis la dermatose que nous connaissons aujourd'hui. En 1912, W. Grüter reconnut son caractère infectieux en la transmettant à la cornée du lapin et en la reportant de l'œil de cet animal à celui d'un homme déjà aveugle. Il constata que le filtrat sur bougie de porcelaine des produits pathologiques déterminait également la maladie expérimentale, et en conclut à l'origine virale et non bactérienne de l'infection herpétique. En 1931, E. W. Goodpasture, A. M. Woodruff et G. J. Buddingh réussissaient la culture du virus herpétique sur la membrane chorio-allantoïque de l'œuf de poule incubé. Mais c'est le développement de la culture de cellules animales in vitro, à partir des années 1950, qui a rendu possibles les connaissances qu'on possède actuellement sur ce virus.
Le virus herpétique
Classification
La famille des Herpesviridae comprend plus de cinquante virus isolés dans la plupart des espèces vivantes. Six virus infectent l'homme : l'Herpesvirus simplex 1 et 2 (HVS), le virus varicellae-zona (VZV), le Cytomegalovirus (CMV), le virus Epstein-Barr (EBV) et le sixième Herpesvirus humain (HVHG).
Dans le genre Herpesvirus, l'espèce type est Herpesvirus simplex. Selon P. Wildy, W. Russel et R. W. Horne (1960), ce virus comprend un nucléoïde central, une capside et une membrane d'enveloppe. Le nucléoïde, de 77,5 ± 0,5 nm de diamètre, contient notamment l'acide nucléique viral (ADN). La capside, de symétrie cubique, présente l'aspect d'un icosaèdre régulier d'un diamètre de 105 ± 1 nm. Elle résulte de l'assemblage de 960 sous-unités protéiques asymétriques groupées en 162 capsomères. Parmi ceux-ci, 150 sont des hexamères ou hexons formés de 6 sous-unités : ils occupent les faces et les arêtes de l'icosaèdre. Les douze autres sont des pentamères ou pentons formés de 5 sous-unités. Ils sont situés sur les douze sommets. Tous ont la forme de prismes hexagonaux ou pentagonaux longs de 12 à 12,5 nm, larges de 9,5 nm, et parcourus par un canal axial d'environ 4 nm de diamètre. Enfin, l'enveloppe donne à l'ensemble du virion un diamètre de 145 à 180 nm. C'est une membrane d'environ 10 nm d'épaisseur.
Constitution chimique
W. Russel, D. H. Watson et P. Wildy ont montré en 1963 que le virus purifié renferme, pour 100 parties de protéines, 10 parties d'acide nucléique, 2,5 de glucides et 32 de phospholipides. Sa masse totale est de l'ordre de 1,3 × 10— 15g.
L'ADN viral est constitué par une seule molécule bicaténaire conforme au schéma de F. H. Crick et J. D. Watson. Sa masse moléculaire est d'environ 100 millions, sa longueur de 50 μm et une particule virale en contient à peu près 1,7 × 10—16g. Il renferme une proportion très élevée (68 p. 100) de guanine et de cytosine (G + C), ce qui lui assure une température de dénaturation thermique élevée (96 0C) et une densité de flottation en chlorure de césium de 1,727. Cette longue molécule compte environ 300 000 nucléotides. Leur répartition le long de la chaîne diffère sensiblement de celle de la cellule hôte de mammifère et se rapproche beaucoup d'une distribution au hasard. Cela traduit le caractère « primitif » du génome viral et exclut la possibilité d'une communauté d'origine avec celui de l'hôte (Subak, Sharpe). L'infection herpétique est donc, pour les Vertébrés, certainement exogène. P. Sheldrick a montré que chacun des deux brins de l'ADN viral comporte deux segments dont la séquence est unique, un long (L) et un court (S), séparés par un segment dont la séquence est répétitive et complémentaire de celle de deux autres segments situés aux deux extrémités de la molécule qui peuvent, de ce fait, s'apparier avec lui. Lorsque l'appariement est réalisé,[...]
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Écrit par
- Jannick CHAMBERLIN : dermato-vénérologue
- Jean DE RUDDER : docteur en médecine, directeur recherche et développement biologique, Synthélabo
Classification
Média
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