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HEY GIRL ! (R. Castellucci)

Présentée en novembre 2006 dans le cadre du festival d'Automne aux Ateliers Berthier de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, Hey Girl ! marque une nouvelle étape du parcours artistique de la Societas Raffaello Sanzio. Fondée en 1981 à Cesena, en Émilie-Romagne, par Romeo Castellucci, metteur en scène, plasticien et scénographe, Chiara Guidi, dramaturge, et Claudia Castellucci, écrivain, la compagnie s'oriente dès son origine vers une recherche théâtrale qui assemble différentes expressions artistiques pour élaborer de nouvelles formes dramatiques. La place du texte n'est plus dominante dans la représentation d'une œuvre, fût-elle classique comme Hamlet (1992), L'Orestie (1995) ou Giulio Cesare (1997). Son expression intègre différentes composantes à même d'établir une relation organique avec elle. À partir de là, c'est à travers un assemblage maîtrisé des corps – parfois difformes ou mutilés – et de leurs mouvements, la présence d'animaux, de nouvelles technologies savamment dosées, d'environnements sonores et de musiques prégnantes, que Castellucci vise à établir une relation sensorielle avec les spectateurs. Ses nombreuses études sur la perception visuelle et auditive vont dans ce sens. Dans sa vision du monde qui habite tous ses spectacles, le théâtre apparaît comme un espace de projection dans lequel le spectateur introduit sa propre catharsis – parfois de manière éprouvante, et pouvant conduire au refus des formes représentées. Mais si les images et sonorités produites sont fréquemment violentes, quelquefois difficilement soutenables, elles se situent, pour l'essentiel, de manière cohérente par rapport au propos engagé par le metteur en scène.

C'est en artiste que Castellucci déroute et dérange. Parmi ses spectacles, on a pu voir en France, après Giulio Cesare qui l'a fait découvrir au public d'Avignon, Voyage au bout de la nuit d'après le roman de Céline (1999), Genesi, from The Museum of Sleep (1999), puis Il Combattimento (2000), sur des musiques de Monteverdi et du compositeur contemporain Scott Gibbons. À partir de janvier 2002, la Societas Raffaello Sanzio engage un vaste projet appelé Tragedia Endogonidia, qui se développe sur trois ans en onze « Épisodes », liés chacun à des villes européennes (dont Avignon et Paris). L'ensemble constitue une réflexion ouverte et mouvante sur la représentation de la tragédie, dans son rapport avec la cité et le monde d'aujourd'hui. Pour Claudia Castellucci, « ce qui avait toujours été très important pour nous, et qui devenait de plus en plus urgent, était le souci de la représentation : le fait de saisir le sens de sa tendance humaine, mais surtout celui de sa spécificité théâtrale, son usage politique étant évident et magistral ». La Tragedia Endogonidia trouve aussi des prolongements dans la série Crescita (Croissance), constituée de microstructures dramatiques dérivées des personnages ou des tableaux des « Épisodes », réalisés en fonction d'un lieu de présentation, qui n'est pas nécessairement théâtral. Outre ses spectacles, accueillis dans les plus grands théâtres et festivals internationaux, la Societas Raffaello Sanzio a créé une école de théâtre pour enfants, publié plusieurs ouvrages théoriques sur le théâtre et produit une série de vidéos consacrées à ses travaux. Des expositions présentent fréquemment les œuvres plastiques animées de Castelluci.

Après les trois années consacrées à la Tragédia, Romeo Castellucci ouvre un nouveau volet de sa recherche avec Hey Girl !, sans quitter pour autant une forme tragique. À sa manière, il révèle le fil de son projet : « Quelqu'un se réveille, se lève, se prépare à sortir. On sort. Fin de l'histoire. Ce pourrait être aussi long qu'une journée, ou qu'une année, comme un calendrier. » De fait, le spectacle[...]

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