- 1. Les fondements de la danse hip-hop
- 2. Le paysage social de la danse hip-hop
- 3. Au milieu du cercle, le danseur
- 4. Le hip-hop dans la politique culturelle
- 5. La danse hip-hop hors de la France
- 6. Une danse contemporaine
- 7. Quelle place pour les femmes ?
- 8. Les battles, un rite moderne
- 9. Bibliographie
HIP-HOP (danse)
Née dans les années 1970 au cœur des grandes villes américaines et arrivée en France dans la décennie suivante, la danse hip-hop est très vite devenue le symbole d’une culture des périphéries urbaines. Forte des formes d’outre-Atlantique qui marquèrent ses débuts (du smurf à la break dance), elle a connu un vif succès et a su trouver ses propres marques en mêlant différentes pratiques corporelles – mime, arts martiaux, danses traditionnelles, disco, etc. Son rayonnement dans les grandes villes françaises telles que Paris, Lille et Lyon, a été rendu possible par des émissions télévisées mais aussi par l’impulsion des politiques volontaristes du ministère de la Culture. Aujourd’hui, la danse hip-hop s’est largement diversifiée d’un point de vue social et artistique. Elle s’exprime aussi bien dans les théâtres ou dans la rue que lors de battles(défis), et participe pleinement au paysage de la danse contemporaine.
Les fondements de la danse hip-hop
Le mouvement hip-hop – culturel, musical et artistique – vient des États-Unis. Le terme hip est utilisé, dans le parler vernaculaire noir américain, pour désigner « ceux qui sont dans le coup », et donc qui participent à la culture de la rue et à ses codes. Hop signifie « bondir »en anglais. Hip et hop rendent compte d'un désir d'explosion, de vie et d'énergie. Le hip-hop s'inscrit dans le contexte social et urbain particulièrement violent et destructeur des années 1970 – dégradation des conditions de vie, néo-libéralisme de Ronald Reagan, minorisation de la communauté noire – américaine. Il tente, par l'expression artistique (rap, graff et danse), de lutter contre la violence des ghettos.
Il semble que la danse hip-hop soit apparue avant le rap, le graff et le tag. Les rappeurs ont-ils d'abord été danseurs ? Est-ce que le corps s'est exprimé autour des rituels de salut, mouvements embryonnaires d'une gestuelle ? Quelle est l'origine de cette danse ? Est-elle spontanée, underground, née dans le Bronx pour juguler la violence, comme une transposition des rixes entre bandes ? Peut-elle aussi se situer dans la continuité de la danse américaine populaire, jazz et claquettes ? Renvoie-t-elle à la danse pratiquée au Savoy Ballroom, à Harlem, dans les années 1930 et 1940 ? Tout cela à la fois sans doute. Ses premières formes sont, à New York, le smurf, gestuelle qui repose sur l'ondulation du corps, et la break dance (appelée aujourd’hui usuellement « le break »), mélange de figures acrobatiques au sol. Si on suit la traduction littérale, smurf signifie « schtroumpf » parce que, dit-on, les premiers danseurs portaient des gants comme les petits bonshommes bleus imaginés par Peyo. Le break, mot employé dans ce sens spécifique de la danse, peut trouver plusieurs origines. Il vient bien sûr du verbe break, signifiant « casser », « éclater ». Mais est-ce parce que les danseurs réalisaient leurs figures entre deux tempos de musique, entre deux beats, breakbeats ? Ou bien cela renvoie-t-il, comme le veut la légende, au nom donné par d'éventuels observateurs blancs surpris par cette gestuelle du Bronx ? De l'autre côté des États-Unis, sur la côte californienne, la musique était peut-être différente, avec un rythme plus régulier, moins inspiré par la mouvance de James Brown, un des artistes américains les plus influents de la musique populaire du xxe siècle. Moins souple que le smurf, une autre technique de danse a pris forme aussi, le locking et pointing, jeu rythmé avec les poignets.
À partir de 1983, en France, le hip-hop s'est développé non seulement dans la rue, c'est-à-dire dans des lieux reconnus, repérés, et d’abord à Paris – le centre Paco Rabanne, grand lieu de répétition des breakers, les Halles, le Trocadéro, Montparnasse… –, mais aussi dans les discothèques. C'est[...]
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Écrit par
- Claudine MOÏSE : professeure des Universités, sociolinguiste
Classification
Médias