- 1. Les fondements de la danse hip-hop
- 2. Le paysage social de la danse hip-hop
- 3. Au milieu du cercle, le danseur
- 4. Le hip-hop dans la politique culturelle
- 5. La danse hip-hop hors de la France
- 6. Une danse contemporaine
- 7. Quelle place pour les femmes ?
- 8. Les battles, un rite moderne
- 9. Bibliographie
HIP-HOP (danse)
Le paysage social de la danse hip-hop
Ayant d’abord touché les minorités, la danse hip-hop a permis aux jeunes essentiellement d’origine africaine et nord-africaine pour la France, caribéenne pour le Canada, afro-américaine pour les États-Unis de revendiquer une appartenance sociale, générationnelle et ethnique. Le mouvement hip-hop trouve ses sources aux États-Unis, dans différents mouvements politiques et artistiques qui s'appuient sur un réveil de la mémoire collective et affirment la spécificité noire. Il repose notamment sur le courant de la négritude, mouvement de libération culturelle et politique de l’homme noir – conduit notamment par Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor –, qui s'est maintenu jusque dans les années 1960. Il s'inscrit aussi dans la lutte pour les droits civiques. Le rap, par la force de la parole et les possibilités de médiatisation, a incontestablement réveillé ou du moins alimenté le mouvement politique noir. Les autres formes (graff et danse) ont eu plus de mal à se développer avec la même ampleur, faute de support médiatique ou de portée politique immédiate mais aussi parce que la parole reste inégalée par son pouvoir de faire circuler des idéologies. Le corps dansant, parce qu'il transfigure ce qu'il veut dénoncer, renvoie plus à un corps qui jubile qu'à un corps en lutte sociale, même si le mouvement hip-hop a pu exprimer la relégation des banlieues, la volonté d’affirmation de soi et la transgression des normes sociales.
En France, la danse hip-hop est entrée dans la grande machine du ministère de la Culture sous Jack Lang à partir de 1988, et les groupes n'ont jamais remis en question les grands principes de la République. Dans leur majorité, et plus dans les régions qu'à Paris – où les communautés sont davantage regroupées et où la vie urbaine est plus agressive –, les danseurs de hip-hop n'utilisent pas leurs pratiques à des fins revendicatrices, politiques ou communautaires. Leur terrain de recherche est désormais leur désir de donner à voir leur danse et de partir à la rencontre d’une multiculture. Ils proposent, à leur manière, une nouvelle conception de la société. Tout en restant fidèles aux principes de collectivité nationale, ils procèdent, par le constat de ce qu'ils sont et non par un acte politique délibéré, à des changements subtils dans la représentation de l'identité française.
Les groupes de danse hip-hop, professionnels ou amateurs, sont largement multiculturels et de catégories sociales très diversifiées. N’étant plus seulement dans la rue, ils se produisent désormais dans les maisons de quartiers, les centres chorégraphiques, les festivals. Si on peut déplorer une authenticité perdue, il est certain que, au fil de son évolution, le mouvement a gagné en échanges humains et artistiques.
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Écrit par
- Claudine MOÏSE : professeure des Universités, sociolinguiste
Classification
Médias