- 1. Les fondements de la danse hip-hop
- 2. Le paysage social de la danse hip-hop
- 3. Au milieu du cercle, le danseur
- 4. Le hip-hop dans la politique culturelle
- 5. La danse hip-hop hors de la France
- 6. Une danse contemporaine
- 7. Quelle place pour les femmes ?
- 8. Les battles, un rite moderne
- 9. Bibliographie
HIP-HOP (danse)
Le hip-hop dans la politique culturelle
Dans les années 1990, la France a lancé une grande politique culturelle et artistique en faveur des banlieues : aides financières aux groupes dits émergents, interventions d’artistes, diffusion et valorisation des productions. Les structures publiques, les Rencontres de la Villette à Paris, Suresnes Cités Danse, le Théâtre contemporain de la danse (alors situé à Paris), la Maison de la danse à Lyon et Montpellier Danse ont incontestablement soutenu les compagnies naissantes et leur programmation. Ainsi, au fil des années, le hip-hop est devenu un élément incontournable et indiscuté de la danse contemporaine. Ces initiatives ont eu le mérite de permettre à des jeunes de retrouver une certaine estime d’eux-mêmes, d’être reconnus et ont favorisé des décloisonnements. Pour cela, il a aussi fallu que les danseurs passent les frontières identitaires et sociales qui étaient initialement les leurs. Ils ont dû transformer leurs modes d’expression pour répondre, d’une certaine façon, au modèle imposé.
Le nombre de compagnies professionnelles est aujourd’hui important et le passage de la rue à la scène s’est fait à l’aune de certaines exigences : réflexion sur l’espace, frontalité (présentation de face, vis-à-vis du public), propos chorégraphique, métissage de genres, propos artistique, etc. Devant cette attente institutionnelle, les danseurs de hip-hop ont inventé une danse française, spécificité qui désormais leur appartient, qu'ils exportent et qu'ils montrent. Dans la plupart des autres pays, en Allemagne comme en Corée du Sud ou au Canada, le hip-hop s’exprime encore essentiellement sous forme de battles, c’est-à-dire de défis (genre originel de cette danse), qui reposent sur la break dance.
Malgré les tensions dues parfois aux injonctions institutionnelles et le sentiment d’être « récupérés », les danseurs ont quitté la seule révolte pour la porter à maturité et réflexion. S’ils ont réfléchi à leur propre pratique et su la transformer, de leur côté, les danseurs contemporains ont quelquefois provoqué la rencontre. Certains, à l’instar de José Montalvo et Karine Saporta et, aujourd’hui, de Laura Scozzi et Yann Lheureux, ont reconnu cette danse de rue. Ils trouvent dans cette confrontation un intérêt personnel et vital, une autre respiration peut-être, matière à une réflexion renouvelée sur leur art.
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Écrit par
- Claudine MOÏSE : professeure des Universités, sociolinguiste
Classification
Médias