BAYARD HIPPOLYTE (1801-1887)
Hippolyte Bayard est considéré comme un des quatre inventeurs de la photographie aux côtés des Français Joseph-Nicéphore Niépce, Jacques-Louis-Mandé Daguerre et de l'Anglais William-Henri Fox Talbot. Inventeur certes, mais malheureux et amer. On lui doit en effet le procédé du positif direct, qui n'a pas été reconnu par les pouvoirs publics et qu'il a finalement peu pratiqué. Bayard est aussi et surtout l'un des premiers grands producteurs d'images, et ce dès le début des années 1840. Utilisant les différents procédés mis au point par ses confrères – le daguerréotype, le négatif papier puis le négatif verre à l'albumine –, il a développé une œuvre importante, abordant tour à tour le portrait, la vue d'architecture, la nature morte, où les objets photographiés – des statuettes, voire des ustensiles de jardinage – sont autant de signes de la présence du photographe.
Un inventeur de procédés photographiques
Hippolyte Bayard est né le 20 janvier 1801 à Breteuil-sur-Noye (Oise). Fils d'un juge de paix, il commence sa vie professionnelle comme clerc de notaire. En 1825, il gagne Paris, où il entre au ministère des Finances comme commis de 4e classe au service des contributions directes. Il sera promu commis principal de 1re classe en juillet 1845. Comment ce modeste employé bascule-t-il dans l'aventure de la découverte de la photographie ? Nous l'ignorons. Les explications données par ses contemporains évoquent les pêches du verger familial, recouvertes de papier découpé aux initiales de son père et marquées à maturité par l'action de la lumière. Nous savons aussi que Bayard a noué des liens dans les milieux artistiques, où les recherches de Daguerre sont connues bien avant l'annonce officielle de l'invention de la photographie, annonce faite par François Arago, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences, le 7 janvier 1839. Avant que le procédé de Daguerre ne soit explicité le 19 août de la même année, l'Anglais Talbot s'empresse de faire valoir à Paris l'antériorité de ses recherches sur la fixation et la conservation d'images de la chambre obscure et présente à Londres ses dessins photogéniques sur papier dont les valeurs sont d'abord inversées (selon le principe du négatif). L'image photographique de Daguerre, baptisée daguerréotype, a la qualité d'être directement positive et la limite d'être unique : elle se matérialise sur une plaque de cuivre recouverte d'une feuille d'argent.
Bayard n'ignore pas ces déclarations. Il se lance lui aussi dans des recherches sur le papier durant les premiers mois de l'année 1839. Un cahier conservé à la Société française de photographie en témoigne. Bayard y note avoir commencé ses essais le 1er février 1839. Il écrit y avoir obtenu des épreuves positives directes le 20 mars et présenté des échantillons à plusieurs personnalités, dont Arago le 20 mai. Le 10 juin, il affirme avoir réalisé des vues de statues en quinze minutes et de paysages en vingt minutes. Sans dévoiler sa méthode, il expose plusieurs de ses images à une fête de charité organisée au profit des victimes d'un tremblement de terre à la Martinique, manifestation évoquée par le Moniteur, le 22 juillet 1839. Bayard soumet parallèlement ses épreuves à l'Académie des beaux-arts, qui en rend compte le 2 novembre 1839. L'Académie apprécie les atouts du papier, plus facile à transporter et à utiliser en voyage que le daguerréotype et reconnaît que « ce procédé doit être, pour les arts, d'une utilité pratique et usuelle véritablement appréciable ». Mais elle en souligne aussi les imperfections : les petites dimensions des images, leur manque de netteté dans les détails et la longueur du temps de pose. En dépit des demandes d'éclaircissement sur sa méthode, Bayard reste silencieux.[...]
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Écrit par
- Anne de MONDENARD : diplôme de l'École Louis-Lumière, diplôme de recherche de l'École du Louvre, responsable du fonds de photographie à la Médiathèque de l'architecture et du patrimoine, Paris
Classification
Médias
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PHOTOGRAPHIE - Histoire des procédés photographiques
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