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BERNHEIM HIPPOLYTE (1840-1919)

Médecin français, fondateur de l'école dite de Nancy qui se rendit célèbre par l'étude des phénomènes de suggestion et d'hypnotisme. Né à Mulhouse, Bernheim fit ses études secondaires et supérieures à Strasbourg. Reçu docteur en médecine en 1867, pour une thèse sur la myocardite aiguë, il devient professeur agrégé de clinique médicale en 1868, avec une thèse sur les fièvres typhiques. Après la guerre de 1870, la faculté de Strasbourg se replie à Nancy, où Bernheim est nommé professeur de clinique médicale. Il publie en 1877 des Leçons de clinique médicale. Ce n'est qu'en 1882, à la suite d'une visite à Liébeault, qu'il découvre l'existence des phénomènes hypnotiques. Il publie, en 1884, De la suggestion dans l'état hypnotique et dans l'état de veille. D'une manière rigoureusement scientifique, sa pensée évolue, à partir des idées de Liébeault sur la suggestion de l'hypnose, jusqu'à confondre les deux, au bénéfice de la suggestion. Dès la deuxième édition, en 1886, l'ouvrage change de titre et s'intitule alors De la suggestion et de ses applications thérapeutiques. L'auteur y écrit : « C'est la suggestion qui domine la plupart des manifestations de l'hypnose ; les prétendus phénomènes physiques ne sont, suivant moi, que des phénomènes psychiques. » C'est autour de cette conception de l'hypnose que se forme l'école de Nancy. Bernheim s'opposera à ce propos à Charcot, qui dirige l'école de la Salpêtrière et auquel il reprochera de créer artificiellement les grandes crises hystériques. Dans Hypnotisme et suggestion, en 1891, Bernheim semble opter pour la dilution totale de l'hypnotisme, et il en vient effectivement à dire par la suite que l'hypnotisme n'existe pas mais seulement la suggestion. Peu à peu on remplaça, dans cette conception, l'hypnose par la suggestion à l'état de veille, voire par l'autosuggestion (méthode de Coué, 1912). Sur la fin de sa vie, en 1917, Bernheim définit l'hypnotisme comme une suggestion dans l'état de sommeil, à condition que ce sommeil soit incomplet, mais il ne précisa jamais ce qu'il entendait par « sommeil incomplet ». À la tête de l'école de Nancy, Bernheim avait donné une place prépondérante à la psychologie, ouvrant ainsi la voie à l'avènement de la psychologie de l'affectivité et aux découvertes de Freud, lequel reconnut sa dette envers cette école.

— Léon CHERTOK

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Écrit par

  • : docteur en médecine, directeur d'enseignement clinique à la faculté de médecine Lariboisière-Saint-Louis, université de Paris-VII

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