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HIPPOLYTE ET ARICIE (J.-P. Rameau)

Jean-Philippe Rameau - crédits : De Agostini/ Alfredo Dagli Orti/ Getty Images

Jean-Philippe Rameau

Rameau a cinquante ans lorsque, théoricien émérite et compositeur reconnu, il ose enfin s'attaquer au seul genre qui lui résistait encore : l'opéra. Sa première tragédie en musique, Hippolyte et Aricie, créée le 1er octobre 1733, à l'Académie royale de musique de Paris, donne le coup d'envoi d'une série d'éclatantes réussites : Castor et Pollux (1737), Dardanus (1739), Zoroastre (1749) et Les Boréades (1764) ; mais elle marque aussi le début d'une des querelles les plus fameuses de l'histoire de l'opéra, celle qui verra s'opposer, principalement autour de la notion d'harmonie, les « lullystes » et les « rameauneurs », selon le mot de Voltaire. Quel est le propre de cette révolution artistique ? Certes pas le livret de l'ouvrage, dû à l'abbé Pellegrin, et qui décalque habilement mais sans génie la Phèdre de Racine, tout en lui adjoignant certains passages de Sénèque ou d'Euripide. Bien plutôt les incroyables inventivité et virtuosité de la partition de Rameau propres à un opéra dans lequel André Campra disait qu'il y avait « assez de musique pour en faire dix ». Ici, la science du coloris orchestral, la parfaite utilisation du langage harmonique à des fins expressives, la construction savante des chœurs et la perpétuelle richesse d'écriture des danses et des divertissements contribuent à faire de cette œuvre une des plus envoûtantes du répertoire baroque français. Est-ce à son caractère un rien composite que l'on doit cependant de multiples réécritures, puis un oubli complet jusqu'à une salutaire mais tardive exhumation à l'Opéra de Paris, le 13 mai 1908 ? Il faudra en tout cas attendre le concours de chefs d'orchestre liés au renouveau baroque du dernier quart du xxe siècle pour que ce chef-d'œuvre retrouve enfin son lustre.

— Timothée PICARD

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure et de Sciences Po Paris, assistant à l'université Marc Bloch (Strasbourg), critique musical

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Média

Jean-Philippe Rameau - crédits : De Agostini/ Alfredo Dagli Orti/ Getty Images

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