HIROSHIMA MON AMOUR, film de Alain Resnais
Lorsque Alain Resnais est pressenti pour réaliser un film sur le thème de la bombe atomique d'Hiroshima et des dangers du nucléaire, il est déjà un auteur de courts-métrages jouissant d'une notoriété internationale incontestable, en particulier grâce à Nuit et Brouillard (1955). Il a débuté sa carrière comme monteur et auteur de documentaires sur des peintres et des toiles célèbres : Van Gogh (1948), Gauguin (1950), et plus encore Guernica (1950), avec un commentaire de Paul Eluard. Le film qu'il a réalisé sur l'art africain, Les statues meurent aussi (1950-1953), avec un commentaire anticolonialiste très virulent de Chris Marker, a été censuré pendant de longues années. Même Nuit et Brouillard a connu des problèmes de censure, en raison d'une image montrant un gendarme français. En 1959, c'est donc un auteur connu pour ses opinions politiques, marquées à gauche. Mais, pour ne pas réaliser une œuvre trop proche de la structure documentaire de son film sur l'univers concentrationnaire des nazis, Resnais propose de transformer la commande initiale d'un documentaire sur Hiroshima en film de fiction. Il propose également de faire appel à la romancière Marguerite Duras pour obtenir un scénario original. Celle-ci écrit alors l'histoire de la jeune femme de Nevers, amoureuse d'un soldat allemand, qui devient la maîtresse d'un jeune Japonais.
L'amour rattrapé par l'histoire
Un couple s'étreint dans une chambre d'hôtel international. Les mots qu'ils prononcent évoquent l'explosion atomique d'Hiroshima : « Tu n'as rien vu à Hiroshima », dit l'homme. Les deux voix accompagnent alors des images documentaires représentant le musée d'Hiroshima et des photographies de survivants. On retrouve le couple dans la chambre d'hôtel le lendemain matin. Elle est comédienne, venue à Hiroshima pour participer à un film sur la paix. Il est architecte, et marié. Un gros plan de la main de l'amant japonais s'efface au profit de celle d'un jeune soldat allemand, premier amour de l'héroïne tué au moment de la Libération à Nevers, dans la Nièvre. Après une journée dans la ville, la participation de l'héroïne au défilé de la paix pour le tournage du film documentaire, et une nouvelle nuit d'errance dans la ville, ils vont se retrouver dans la chambre pour conjurer l'oubli qui menace leur brève idylle et se nommer l'un l'autre, « Hi-ro-shi-ma » et « Nevers-en-France ».
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Écrit par
- Michel MARIE : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle
Classification
Média
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