HISTOCOMPATIBILITÉ
Conséquences pour la transplantation et la médecine préventive
Les perspectives ouvertes par la découverte du complexe HLA sont considérables. Celles-ci portent aussi bien sur les sciences fondamentales que sur les sciences appliquées.
En génétique formelle
Le complexe HLA a été un des premiers segments du génome humain étudié avec autant de précision. À présent, une carte physique complète existe pour les quatre mégabases de la région. Plusieurs équipes identifient à partir de la région HLA toutes les séquences exprimées ; un segment de 90 kilobases a déjà été séquencé, et cette région sert à mettre au point de nouvelles méthodes de séquençage à grande échelle. Une concentration accrue de séquences répétitives, type ALU, rend le travail difficile mais justifie le choix de la région HLA comme témoin pour la mise au point de méthodes génétiques et moléculaires sur le génome. Les séquences ALU, d'une longueur de 350 paires de basses, font partie des SINES (short interspersed repeat elements). Comme elles sont plutôt riches en G-C (58 p. 100), elles sont fréquentes au niveau des bandes R des chromosomes où se trouve la majorité des séquences exprimées. Il y a plusieurs types (sous-familles) de séquences ALU, designés j, p, q, s, et w ; toutes les séquences ALU partagent un même motif de séquence, bien que chaque sous-famille puisse être distinguée par la présence d'une série de bases spécifiques.
Reconstitution de l'évolution humaine
Même si les systèmes d'histocompatibilité ont été en grande partie remplacés par la panoplie des systèmes polymorphes disponibles sur le génome pour l'identification de paternité (médecine légale), ils demeurent les gènes les plus utilisés pour l'étude des migrations des espèces, humaine et autres. La stabilité relative des complexes d'histocompatibilité pendant l'évolution fait d'eux des marqueurs de choix pour l'étude de la biologie des populations. En effet, il existe les microsatellites, minisatellites et RFLP (restriction length polymorphism) qui permettent de suivre non seulement les migrations des populations, mais aussi de suivre l'évolution de telle ou telle sous-région chromosomique.
Une analyse détaillée des mutations dans les régions codant les molécules de classe I et de classe II laisse supposer que, bien que très polymorphe, la région HLA n'est pas soumise à un taux de mutation très élevé. Au contraire, les mutations même silencieuses sont rares. Cette conclusion est confirmée par l'étude des séquences de type ALU (répétitions) dans la région de classe III qui montre que ces motifs appartiennent plutôt aux familles ALU les plus anciennes, c'est-à-dire aux séquences ALU stables qui n'évoluent plus (ALU type j).
En transplantation
Le rôle des antigènes HLA et H-2 (souris) en transplantation et survie des greffes a été la première observation, c'est pourquoi ils sont appelés couramment antigènes de transplantation. Par greffe de peau il a été démontré que le destin du greffon est fonction essentiellement de la compatibilité de deux systèmes : le système ABO (groupes sanguins) et le système HLA. Ces notions ont été rapidement utilisées en greffes d'organes, et en particulier dans les transplantations rénales. Mais le polymorphisme extrême du système HLA et l'impossibilité de stocker ou même d'obtenir en nombre suffisant des organes ont rendu nécessaire l'établissement d'organismes d'échanges d'organes (tels que France-Transplant, Euro-Transplant, Scandia-Transplant... – il existe en tout dix organismes spécialisés en Europe). Une liste de malades en attente de transplantation est constituée par chaque organisme avec tous les paramètres cliniques stockés dans un ordinateur central. Lorsqu'un donneur se présente, la liste est interrogée, et en cas d'identité ou de ressemblance, dite appariement,[...]
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Écrit par
- Jean DAUSSET : professeur honoraire au Collège de France, président de la fondation Jean Dausset-C.E.P.H.
- David GRAUSZ : biologiste moléculaire
Classification
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