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HISTOIRE DE L'ART RELIGIEUX, Maurice Denis Fiche de lecture

Le gros volume publié par Maurice Denis (1870-1943) à la fin de sa vie n'est pas, à proprement parler, un ouvrage théorique. Au terme de sa carrière, il couronne néanmoins plus d'un demi-siècle de réflexions et de pratique artistique, qui illustre ce qu'il écrivait, dans son Journal en 1886, à seize ans : «  La peinture est un art essentiellement religieux et chrétien. Si ce caractère s'est perdu dans notre siècle impie, il faut le retrouver. »

Une synthèse pour le grand public

Très illustrée, en noir et blanc et en couleurs, l'Histoire de l'art religieux, traitant aussi bien d'architecture que de peinture et de sculpture, parfois même de gravure, est destinée à un large public. Le plan, strictement chronologique, qui part des « Cimetières de Rome » pour aboutir, en treize chapitres, à un « Dernier État de l'art religieux : le xxe siècle », parcourt ainsi deux mille ans, en ne s'interdisant ni les jugements de valeur (« La Grande Pitié de l'art religieux au xviie siècle »), ni les concepts audacieux (« La Première Renaissance, xiiie et xive siècles », « L'Exubérance gothique »), tout en gardant un classicisme rassurant (« La Bible romane », « L'Art olympien de l'Église » pour le xvie siècle, « Académisme et romantisme » pour le xixe).

Cela n'empêche pas Denis de développer une vision très personnelle, que l'on pourrait presque qualifier d'engagée : « Après vingt siècles de chefs-d'œuvre, et de la plus surprenante variété ; après une si riche suite de styles, d'esthétiques et de techniques ; après tant de miracles de l'imagination créatrice traduisant en figures, en symboles, toute la doctrine catholique, et avec tant de poésie, l'art chrétien, cependant docile à l'humain, à la vie de chaque siècle, aux besoins de beauté propres aux temps et aux races, imprégné des philosophies successives, prenant son bien aux réalismes et aux idéalismes, infiniment souple, vivant, émouvant, l'art chrétien résume à peu de chose près toute l'histoire de l'art occidental », écrit-il ainsi dans l'Introduction, et il ajoute : « Il aura spiritualisé toutes les tendances, utilisé toutes les ressources. C'est en lui et par lui que l'art occidental a connu sa perfection. » Cependant, en même temps, l'auteur dit bien qu'il n'a fait « ni une histoire de l'Église, ni une histoire de l'art », mais a voulu simplement indiquer « comment les mœurs artistiques et la culture de chaque époque se sont adaptées aux besoins dogmatiques et liturgiques de l'Église, aux divers aspects de la pensée chrétienne ». Aussi l'art antique est-il expédié dans l'Introduction en quelques paragraphes, et dans le rapprochement suggestif de deux photographies, les têtes d'une Corè archaïque du musée de l'Acropole, à Athènes, et d'une Vierge du xiie siècle conservée au Louvre : pour Maurice Denis, l'art religieux, c'est l'art chrétien.

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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