HISTOIRE DE L'ART RELIGIEUX, Maurice Denis Fiche de lecture
La question de l'art religieux contemporain
Le dernier chapitre, consacré au xxe siècle, touchait Denis de près : au moment où il écrit, il est, en effet, tant d'un point de vue théorique que pratique (par le biais des Ateliers d'art sacré), l'un des promoteurs, depuis une trentaine d'années, du renouveau de l'art sacré en France. Il admet lui-même que « pour en écrire l'histoire, il nous faudrait plus de recul. Le nombre et la diversité des expériences récentes ou encore inachevées excuse assez l'imprudence de mes jugements ou d'inévitables omissions ». L'architecture y est particulièrement mise en valeur, avec les églises d'Auguste Perret, de Dom Paul Bellot, de Jacques Droz ou de Paul Tournon, mais Denis ne néglige pas la peinture (en partant de Puvis de Chavannes, d'Henry Lerolle, de Redon et de Bonnat pour arriver bien sûr à lui-même, mais aussi à George Desvallières, Albert Besnard, Émile Bernard ou José-Maria Sert). En sculpture, il passe de Rodin à Sarrabezolles et à Henri Charlier ; le « sanctuaire » de Douaumont (par Azéma, Hedrei et Hardy) est intégré à l'art religieux, de nombreuses photographies illustrant par ailleurs le renouveau des arts appliqués (vitrail, orfèvrerie, arts du métal ou du verre). La démonstration ne se limite pas à la France, et fait une large place à la Suisse, à la Belgique et à l'Allemagne.
Rétrospectivement, ce chapitre est en lui-même une page de l'histoire d'un art en train de se faire, aboutissement de la démonstration poursuivie en filigrane dans le reste du livre. L'Histoire de l'art religieux est un acte de foi, Maurice Denis concluant ainsi son ouvrage : « Tant que les chrétiens qui vivent leur Foi trouveront dans les choses visibles le chemin des invisibles, et dans l'ordre de la réalité naturelle la garantie des vérités surnaturelles ; tant que l'Évangile restera pour eux le livre sublime et sacré, dont l'enseignement nous est donné en images et en paraboles ; tant que les sacrements useront de signes sensibles, la formule du saint-père Pie X : „prier sur de la beauté“ imposera l'art comme une nécessité liturgique. Et la longue suite de chefs-d'œuvre que déroule l'histoire de l'art chrétien conservera le mystérieux pouvoir d'éveiller dans les âmes l'inquiétude religieuse de la divine Charité. »
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Écrit par
- Barthélémy JOBERT : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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