- 1. L'Atlantique dans l'Antiquité
- 2. Les Vikings
- 3. Les voyages des Portugais
- 4. Christophe Colomb
- 5. La découverte de l'Amérique
- 6. La lutte pour la maîtrise des routes de l'Atlantique
- 7. Le commerce de l'Atlantique aux XVIIe et XVIIIe siècles
- 8. La civilisation atlantique
- 9. Le déclin de l'hégémonie britannique sur l'Atlantique
- 10. L'Atlantique depuis le début du XXe siècle
- 11. Bibliographie
ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN
Le commerce de l'Atlantique aux XVIIe et XVIIIe siècles
C'est donc avec le bon vouloir de l'Angleterre, et sous sa haute surveillance, que s'est organisé le commerce à travers l'Atlantique. En temps de guerre – et ces guerres furent nombreuses, on l'a vu – la flotte britannique paralyse, et souvent même interdit, le commerce entre l'Amérique et l'Europe continentale. En temps de paix, ce commerce de métropole à colonie et retour est toléré, mais l'Angleterre y introduit le « coin » de la contrebande.
Le commerce des pays de l'Europe occidentale avec leurs colonies d'Amérique forme en effet des systèmes théoriquement fermés. Partout, le pacte colonial, l'« exclusif » sont en vigueur. Les colonies n'ont pas le droit de transformer sur place les matières premières qu'elles recueillent, la transformation doit avoir lieu dans la métropole. De même, les colonies ne peuvent acheter que des produits fabriqués par la métropole. Ainsi coexistent des Atlantiques portugais, espagnol, français, anglais, et même hollandais, où seule la contrebande britannique ouvre une brèche. La pêche elle-même est strictement réglementée et elle a, alors, une grande importance, non seulement parce que l'Europe consomme, en raison des jours maigres, beaucoup de poissons séchés ou salés, mais parce que la pêche en haute mer constitue, pour les flottes de guerre, une excellente pépinière de marins.
Au xvie siècle, les Portugais avaient importé du Brésil en Europe le bois brésil qui a donné son nom au pays et servait à fabriquer une teinture ; ils transportent aussi d'autres bois (le jacaranda, ou palissandre) et des produits tinctoriaux, notamment l'indigo qui détrône le pastel européen. Mais, bientôt, le sucre prend la première place dans le trafic portugais, passant de 180 000 arrobes (une arrobe pèse environ 12 kg) en 1570 à 1 200 000 en 1600. Au xviiie siècle, après la découverte de l'or dans le Minas Gerais (mines générales), les métaux précieux prennent la première place dans le commerce transatlantique du Portugal. En 1699, 765 kilos d'or étaient arrivés à Lisbonne ; ce chiffre passait à 9 000 en 1714 et 25 000 en 1720. À partir de cette date, la quantité d'or débarquée à Lisbonne dépasse chaque année 11 000 kilos. Il faut y ajouter les diamants et autres pierres précieuses ou fines. En échange, le Portugal exporte au Brésil des produits fabriqués et des esclaves achetés en Afrique et transportés selon les principes du commerce triangulaire.
Des colonies espagnoles, ont été transportés surtout des métaux précieux (l'argent des mines de Potosí), des épices et des bois précieux, tels que la cochenille du Mexique. La prospérité du commerce transatlantique espagnol se maintient encore pendant les quelques années qui suivent le désastre de l'Invincible Armada, mais il décline après 1622, et passe par une profonde dépression jusqu'en 1650. Il remonte ensuite, surtout avec la mise en exploitation des mines d'argent du Mexique : l'argent du Mexique prend, au milieu du xviiie siècle, le relais de l'or brésilien. Au xviiie siècle également, les pays du Río de La Plata commencent à être colonisés et exportent du cuir en Europe. Mais une bonne partie des productions de l'Amérique espagnole est détournée vers l'Angleterre par la contrebande qui, à partir de 1713, prend l'allure d'une institution. En effet, le traité d'Utrecht autorisait l'Angleterre à envoyer chaque année un vaisseau, le « vaisseau de permission », à Portobelo, sur la côte de l'isthme de Panamá pour y importer des marchandises anglaises. Or, ce bâtiment, au lieu de quitter Portobelo aussitôt après avoir déchargé sa cargaison, devint bientôt un entrepôt flottant, restant six mois en rade, et dont la cargaison était[...]
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Écrit par
- Jacques GODECHOT : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
- Clément THIBAUD : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nantes
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