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ATLANTIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN

Le déclin de l'hégémonie britannique sur l'Atlantique

Traité de Versailles, 1783 - crédits : Three Lions/ Getty Images

Traité de Versailles, 1783

Que les treize colonies anglaises de l'Amérique du Nord aient pu se rendre indépendantes est la preuve manifeste du déclin de l'hégémonie britannique sur l'océan Atlantique. L'Angleterre, en effet, fut incapable de rétablir son autorité dans ses colonies (1763-1781). Entre 1778 et 1780, les États-Unis, constitués depuis deux ans, sont déjà assez puissants pour s'assurer l'alliance de trois des cinq puissances maritimes de l'Atlantique : la France, l'Espagne, la Hollande. Pour la première fois depuis 1688, leurs flottes coalisées mettent en échec la Royal Navy et gênent l'Angleterre dans le transfert des renforts vers le Nouveau Monde. Sans doute, à la fin de la guerre, l'escadre française de l'amiral de Grasse fut-elle battue aux Saintes près de la Guadeloupe, le 8 mai 1782, mais la partie était déjà jouée dans la baie de Chesapeake, en 1781, prélude à la victoire décisive de Yorktown. Par les préliminaires de la paix de Paris, du 30 novembre 1782, l'Angleterre reconnaissait l'indépendance des États-Unis. Le traité de Paris (3 septembre 1783) consacrait la victoire des États-Unis, de la France et de leurs alliés. Pour la première fois, depuis près de deux cents ans, l'Angleterre avait perdu plus de bâtiments (2 200) qu'elle n'en avait capturés (1 100). D'autre part, le traité d'alliance de 1778 entre la France et les États-Unis avait été accompagné d'un traité de commerce : alors que les treize colonies n'avaient de relations économiques qu'avec l'Angleterre, les nouveaux États-Unis décidaient d'établir d'importants rapports commerciaux avec la France. Effectivement, les importations anglaises aux États-Unis, qui s'élevaient encore à 2 590 000 livres en 1774, tombèrent à moins de 33 900 livres en 1778, et les exportations françaises vers les États-Unis, qui étaient nulles, montèrent à 133 400 livres. Mais, dès 1779, et malgré la guerre, les anciens courants commerciaux reprenaient, les exportations britanniques aux États-Unis remontaient à 349 000 livres et atteignaient 825 000 livres en 1780, alors que celles de la France stagnaient. En revanche, les exportations des États-Unis vers la France augmentaient, passant à 102 000 livres en 1778. La balance du commerce entre la France et les États-Unis ne tarda pas à être déficitaire pour la France. Après la fin de la guerre, en 1783, les relations commerciales entre les États-Unis et l'Angleterre redevinrent presque ce qu'elles étaient avant 1770. Mais le commerce des États-Unis était un fait nouveau dans l'Atlantique ; il se développa dans tous les pays d'Europe, et surtout avec la Grande-Bretagne, il fallait désormais compter avec lui.

On le vit bien pendant les guerres de l'époque révolutionnaire et impériale. Après 1794, et surtout après la bataille de Trafalgar (21 octobre 1805), la flotte française est pratiquement éliminée de l'Atlantique. Mais les Anglais dépendent, économiquement, des États-Unis, et d'autant plus que le blocus continental, à partir de 1806, a pour but de leur fermer le continent européen. En 1802, les exportations anglaises aux États-Unis formaient 13 p. 100 du commerce extérieur britannique, et 21 p. 100 en 1805. Il était donc capital pour la Grande-Bretagne, au moment où elle perdait le marché européen, de conserver celui des États-Unis. En revanche, les achats anglais aux États-Unis étaient beaucoup plus faibles et ne représentaient, en 1804, que 6,4 p. 100 du total des importations britanniques. Or, les États-Unis ne voulurent pas obéir aux règlements anglais relatifs au blocus, et interrompirent en 1808 et 1809 leurs relations commerciales avec l'Angleterre. L'économie britannique en fut profondément affectée. Sans doute les[...]

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Écrit par

  • : doyen de la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse
  • : maître de conférences en histoire contemporaine à l'université de Nantes

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