INDIEN HISTOIRE DE L'OCÉAN
Prééminence de la Grande-Bretagne
Au xviiie siècle, les principaux foyers politiques, économiques et culturels du pourtour nord de l'océan Indien et surtout la Perse et l'Inde, que leurs affrontements réciproques affaiblissent encore, déclinent irrémédiablement. Le ravage de l'empire de Delhi par le Persan Nadir Shah en 1739 ébranle tout l'Orient. En Birmanie, en Malaisie, en Indonésie, des États naguère puissants se fractionnent et s'enlisent dans des querelles dynastiques qui font le jeu des Hollandais expansionnistes. La Chine de Qianlong se ferme presque totalement, tolérant à peine le négoce européen par les seules fenêtres de Macao et de Canton. Dans cet Orient ébranlé, des influences habiles, sournoises ou brutales vont jouer, annonçant que l'heure de l'impérialisme européen a maintenant sonné.
Les conséquences des guerres et des vicissitudes européennes se feront fâcheusement sentir sur les établissements hollandais d'Afrique du Sud et de Ceylan, qui seront abandonnés finalement aux Anglais. Par contre, l'empire hollandais d'Insulinde reste intact et les Hollandais s'étendent à Sumatra. Leur domination y est lourde. Afin de préserver la rentabilité de la culture des épices et de maintenir les cours, les Hollandais interdisent ces cultures aux paysans autochtones, les plongeant ainsi dans la misère. Ils détruisent les arbres en surplus, ou bien cantonnent sévèrement les cultures dans des secteurs où elles sont menées par d'implacables planteurs utilisant des esclaves importés. Des neutres, comme les Danois, savent profiter des circonstances et se livrent à une active contrebande entre les possessions des belligérants français et anglais. Des tard-venus tentent aussi leur chance commerciale : on verra dans l'Océan des vaisseaux de Prusse, de Brandebourg, de Pologne, de Gênes, de Trieste, d'Espagne, et surtout ceux de cette Compagnie impériale d'Ostende, que la jalousie des compagnies des puissances maritimes contraignit à suspendre ses activités en 1727 (elle sera dissoute en 1731 par le traité de Vienne). Également intéressante est l'aventure des Américains. Après 1784, sur leurs Baltimore clippers, utilisant le relais des Mascareignes, les Américains non seulement établiront avec ces dernières un commerce très actif (jusqu'en 1807, quand les États-Unis, alors neutres, cessent l'envoi de leurs vaisseaux vers ces îles françaises), mais pousseront également jusqu'à la Chine, d'où ils ramèneront les précieux produits du Céleste Empire.
La querelle franco-anglaise (1711-1788)
En fait, la grande et principale querelle se déroule entre les Français et les Anglais. D'abord l'initiative appartient aux Français. Après la prise de possession de l'île Maurice, devenue île de France en 1711, et un début d'organisation des Mascareignes, c'est – dans le cadre du grand essor commercial français qui inaugure le xviiie siècle – les débuts de la fameuse aventure de Dupleix. En 1740, le grand agent de la Compagnie française des Indes, devenu nabab et parvenu à s'insérer dans le système impérial mogol, politique et économique, élabore, à partir de Pondichéry et à l'aide de soldats indiens, les cipayes, qu'il a l'idée géniale d'enrôler, la tentative de protectorat sur l' Inde du Sud. Les lacunes et les difficultés de cette entreprise si originale, gageure peut-être impossible à tenir pour la France de Louis XV, empêtrée dans ses querelles européennes, entraîneront l'échec final. Dupleix a négligé de jouer l'hindouisme méridional opprimé contre l'islam septentrional oppresseur ; il a trop cru à l'intrigue et aux forces terrestres, et pas assez à l'arme navale. Le sea power, que les Anglais utilisent avec tant de maestria, a été pratiqué un temps, entre 1735[...]
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Écrit par
- André BOURDE : professeur à l'université de Provence, directeur de l'Institut d'art
- Jean-Louis MIÈGE : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
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Médias
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