PACIFIQUE HISTOIRE DE L'OCÉAN
Exploitation et partage du Pacifique (XIXe s.-début XXe s.)
La découverte des richesses en fourrures de la côte nord-ouest de l'Amérique comme celle, par Cook notamment, des grands troupeaux de baleines du Pacifique nord entraînèrent rapidement l'organisation de leur exploitation. Pour les fourrures, des Européens et surtout des Américains entreprirent des expéditions hardies de traite avec les Indiens sur la côte américaine et en transportèrent ensuite le produit en Chine, où ce genre de marchandises était très recherché. La chasse à la baleine à grande échelle commença un peu plus tard, dans les années 1820. Les baleiniers, armés soit en Europe, soit, surtout, en Nouvelle-Angleterre (Nantucket, New Bedford, Boston...), contournaient l'Amérique par le cap Horn et suivaient ensuite la côte américaine avant de gagner les Hawaii, qui devinrent la base essentielle d'hivernage pour les flottes baleinières du monde de 1830 à 1870. D'autres chasseurs de baleines et de cachalots fréquentèrent les archipels de l'hémisphère Sud, mais jamais ceux-ci ne jouèrent un rôle comparable à celui des baleiniers aux Hawaii.
Très tôt également le Pacifique fut sillonné par des navires à la recherche des ressources locales, notamment le bois de santal très prisé sur le marché chinois et dont le commerce fut important aux Hawaii dans les premières décennies du xixe siècle, avant de se déplacer par épuisement des ressources vers le sud-ouest, notamment en Nouvelle-Calédonie et aux îles Loyauté où les « santaliers » australiens ou britanniques suivirent de très peu, voire précédèrent, les missionnaires protestants. D'autres produits étaient recherchés, le porc salé de Tahiti pour Sydney, le trepang, les perles, etc.
Mais il ne s'agissait là que d'une économie de traite, cyclique et inégalement répartie entre les archipels. Ce n'est qu'à partir des années 1840 et 1850 que l'on commença à envisager vraiment une mise en valeur des îles, tandis que s'amorçait le partage politique entre les différentes puissances coloniales. Le Pacifique restait encore un espace marginal, malgré le développement de la façade américaine à partir de 1848 (ruée vers l'or en Californie), l'intérêt croissant pour l'Extrême-Orient (affaires de Chine, ouverture forcée du Japon, 1853-1854) et les premiers développements de l'Australie (or, 1851). Le caractère périphérique de l'économie du Pacifique apparaît bien dans les grands courants de trafic qui animent par exemple la côte pacifique de l'Amérique du Sud, exportant via le cap Horn nitrates (à partir de 1830) et guano (dès les années 1840) vers l'Europe en échange des produits manufacturés européens. C'est surtout dans le dernier quart du xixe siècle que s'instaure un équilibre politique entre les grandes puissances (France, Grande-Bretagne, Allemagne, États-Unis), qui se répartissent les différents archipels, et que se développe l'exploitation des richesses des îles elles-mêmes (nickel de Nouvelle-Calédonie, 1877, canne à sucre aux Fidji, remplaçant le coton après l'annexion à la Grande-Bretagne en 1874, canne à sucre aux Hawaii après le traité de réciprocité avec les États-Unis, 1876, en attendant l'ananas au début du xxe siècle). Mais, sauf exception, l'apport des îles restait modeste sur les marchés mondiaux, et leur annexion répondait plus à des considérations politiques, stratégiques (intérêt des États-Unis pour la rade de Pago-Pago à Tutuila, Samoa orientales, ou encore, bien sûr, pour Pearl Harbor dans l'île d'Oahu, Hawaii), voire religieuses (rivalités entre missions catholiques soutenues par la France et protestantes soutenues par l'Angleterre et ses colonies et par les États-Unis) qu'à des intérêts économiques.
L'affirmation de[...]
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Écrit par
- Christian HUETZ DE LEMPS : professeur, directeur de l'UFR de géographie, université de Paris-IV-Sorbonne
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