HISTOIRE DE LA GRANDEUR ET DE LA DÉCADENCE DE CÉSAR BIROTTEAU, Honoré de Balzac Fiche de lecture
C'est en 1831 qu'Honoré de Balzac (1799-1850) eut l'idée de l'Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau. Mais, doutant de l'attrait qu'il pourrait exercer sur le public, il fit longtemps traîner la mise en chantier du roman : « J'ai conservé César Birotteau pendant six ans, en désespérant de pouvoir intéresser qui que ce soit à la figure d'un boutiquier assez bête, assez médiocre, dont les infortunes sont vulgaires et symbolisent ce dont nous nous moquons beaucoup : le petit commerce parisien. » Toutefois, en 1837, le journalLe Figaro, qui souhaitait offrir un volume de roman à ses abonnés, commanda une œuvre inédite à Balzac pour la somme, énorme à l'époque, de vingt mille francs. Celui-ci, qui venait de connaître des déboires financiers, sauta sur l'aubaine et reprit son projet. Il acheva en dix-sept jours un roman dont il n'avait encore rédigé que le premier tiers.
Une tragédie bourgeoise ?
César Birotteau est un commerçant prospère, établi près de la place Vendôme. Venu de la Touraine à Paris à l'âge de quatorze ans, il est entré comme garçon de magasin chez le parfumeur Ragon, dont il a plus tard racheté la boutique, La Reine des roses. Il a donné à celle-ci un important essor, grâce au lancement de produits à succès comme « L'Eau carminative » ou « La Double Pâte des sultanes ». Légitimiste, il s'est montré fidèle à la monarchie sous le Consulat et l'Empire. Quand vient la Restauration, il se voit récompensé de sa loyauté : officier de la garde nationale, juge au tribunal de commerce, adjoint au maire du IIe arrondissement, il a reçu la Légion d'honneur. Grisé par la réussite, il nourrit des ambitions encore plus hautes. Il veut embellir sa demeure, doter richement sa fille Césarine et donner un grand bal. Pour financer ses projets, il confie à son commis Popinot le soin de fabriquer une nouvelle huile capillaire et investit des fonds importants dans une spéculation immobilière menée par le notaire Roguin.
Mais celui-ci disparaît en emportant l'argent qu'on lui avait confié. Pour éviter la ruine, Birotteau tente d'obtenir un prêt auprès des banques. Du Tillet, un ancien commis que le parfumeur a jadis chassé parce qu'il volait dans la caisse et courtisait sa femme, et qui est devenu une figure influente du monde des affaires, fait en sorte, par vengeance, que le commerçant ne trouve aucun crédit. Birotteau ne peut que déposer son bilan. La vente de ses biens lui permet de payer en grande partie ses créanciers. Obsédé par la probité, et pour que Césarine puisse épouser Popinot, il met un point d'honneur à acquitter intégralement ses dettes. Il prend un emploi de bureau ; sa femme travaille comme caissière et sa fille comme vendeuse de nouveautés. Au bout de trois années de labeur et de privations, il a tout remboursé. Usé par la tâche, il meurt au moment même où il se voit réhabilité.
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Écrit par
- Philippe DULAC : agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieure
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