MÉDITERRANÉE HISTOIRE DE LA
C'est autour de la Méditerranée que se développèrent et s'épanouirent les civilisations de l'Antiquité classique grecque et romaine. Platon comparait les hommes à « des fourmis ou des grenouilles autour d'un étang ». Quand on s'éloignait des rives de la mer intérieure, on entrait dans le pays hostile des Barbares. Pourtant, les premiers peuples civilisés qui prospérèrent près de ses rivages ne se soucièrent pas de la Méditerranée : les Mésopotamiens et les Égyptiens furent des terriens pour qui la mer n'était qu'une limite à leurs territoires ou à leurs entreprises. Cependant, dès les IIIe et IIe millénaires, les peuples marins de la Phénicie et du monde égéen frayèrent la voie. Au premier millénaire avant notre ère, la Méditerranée devint l'axe du monde antique, grâce aux Phéniciens et aux Carthaginois, et surtout grâce aux Grecs. Rome recueillit ensuite cet héritage et, en groupant sous son autorité toutes les rives de la mer intérieure, elle porta à son achèvement cette tendance à l'unité méditerranéenne que les Grecs avaient développée. La rupture de cette unité, lors des invasions barbares, fut l'une des composantes essentielles de la fin du monde antique.
Les Grandes Invasions, en déferlant sur la partie occidentale de l'Europe, entraînent le repli de l'Empire romain sur Byzance. Et Byzance même résistera mal à la pression de l'Islam. Mais aux alentours de l'an mille, l'Occident redevient plus actif (Normands, Vénitiens, Génois), et par les Croisades interrompt provisoirement l'expansion de l'Islam. La chute de Constantinople et l'établissement de l'hégémonie ottomane sur la Méditerranée orientale, la conquête du royaume arabe de Grenade par les Espagnols vont bouleverser à nouveau les relations politiques, économiques et culturelles entre l'Orient et l'Occident. La découverte des routes océaniques vers les richesses des Indes ultramarines (Amériques, Guinée, péninsule indienne, fabuleuses contrées à épices d'Extrême-Orient) et l'essor des pays ibériques (Portugal et Espagne), puis de leurs concurrents septentrionaux (Hollandais et Anglais) ravissent peu à peu à la Méditerranée son rôle de carrefour entre les mondes africain, asiatique et européen. Alors que les activités vitales de l'Europe se concentrent désormais sur la partie occidentale et les façades atlantiques du continent, la vieille mer méridionale prend figure de champ clos, où en d'incessantes guerres s'affrontent les ambitions hégémoniques françaises et espagnoles, puis se développe – croisade d'un nouveau style – l'antagonisme exaspéré entre une chrétienté (Venise, Naples, Rome, Malte) menée par l'Espagne et l'Islam ottoman expansionniste. Lépante, qui n'arrêta pas la pénétration ottomane dans le flanc sud-est de l'Europe, permit du moins pour un temps de délimiter les deux zones d'influence : la Méditerranée nord-occidentale dominée par l'Espagne ; la Méditerranée orientale et méridionale réservée à la Porte et à ses vassaux.
Ainsi, frustrée d'une partie de son antique substance commerciale, écartée des nouveaux circuits économiques du monde, lourdement encadrée par les coûteux dispositifs militaires des impérialismes antagonistes, déchue de son rôle moteur en Europe, la Méditerranée est devenue (avec tout l'apparat de ses palais et de ses églises « baroques », de ses forteresses et de ses sérails) un lac subalterne. Pourtant, malgré les « avanies » dont le frappent les Ottomans, le commerce du Levant reste intéressant pour Venise et Raguse, pour Marseille surtout qui draine une part des productions de la régence d'Alger. Anglais et Hollandais – même si les Échelles sont de moindre intérêt au regard des Indes[...]
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Écrit par
- André BOURDE : professeur à l'université de Provence, directeur de l'Institut d'art
- Georges DUBY : de l'Académie française
- Claude LEPELLEY : chargé d'enseignement à l'université de Lille
- Jean-Louis MIÈGE : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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