MÉDITERRANÉE HISTOIRE DE LA
Moyen Âge (Ve-XVe s.)
En instaurant une police, en réprimant de manière plus efficace que jamais les entreprises toujours renouvelées des pirates et des aventuriers des mers, la puissance romaine avait profondément marqué de son empreinte l'histoire de la Méditerranée : celle-ci était devenue le nœud des relations entre toutes les provinces de l'Empire et l'agent principal d'une étonnante unité de civilisation. Le repli progressif de la Romania, c'est-à-dire de ce qui survivait de Rome, vers Byzance et le long des rivages voisins, le fléchissement de la sécurité, le réveil du brigandage, la recrudescence des razzias d'hommes et de richesses sur toutes les côtes, la difficulté croissante des liaisons maritimes caractérisent la période comprise entre le ve et la fin du xe siècle.
Renaissance de la piraterie (Ve-Xe s.)
Le déferlement des peuples germaniques sur tout l'Occident et l'Empire eut pour principal effet sur l'histoire de la Méditerranée de faire de l'Europe latine un monde campagnard et continental. Les habitudes instaurées par Rome d'utiliser des produits de provenance lointaine et apportés par la mer, l'huile, le papyrus, les épices orientales, furent longues à se perdre : au viie siècle, alors que les troubles politiques perturbaient les circuits traversant l'Italie, c'était à Marseille et dans les ports voisins que les monastères du nord de la Gaule allaient quérir ces marchandises. Toutefois, de tels trafics se raréfièrent progressivement. La principale rupture fut cependant provoquée par l'expansion musulmane. Les Byzantins durent évacuer la Palestine en 637, Alexandrie en 642 ; les Arabes et ceux qui les suivaient se lancèrent sur la mer à partir de 649 et, cette année-là, débarquèrent à Chypre ; ils s'établirent à Carthage en 698, envahirent l'Espagne, attaquèrent la Sicile à partir de 727, s'en emparèrent au ixe siècle, s'infiltrèrent dans le sud de l'Italie. Si Byzance parvint à regagner du terrain dans le bassin oriental de la Méditerranée, elle abandonna l'Ouest. La mer Tyrrhénienne devint dès lors une mer musulmane. Maîtres des îles – car les Baléares furent définitivement occupées vers 902 – et privés des profits de la guerre de par la disparition des navires chrétiens, ceux que les Latins appelèrent les Sarrasins, pirates venus principalement d'Afrique du Nord et des côtes d'Espagne, établirent des postes permanents en Provence et en Campanie, qui servirent de base à des expéditions de pillage dans les Alpes et les Apennins. Aux ixe et xe siècles, la Méditerranée fut donc presque entièrement tenue par les navigateurs islamisés. Sa fonction économique majeure fut d'assurer, par un cabotage dont les étapes principales étaient Almeria, Bougie, Tunis, Palerme, Tripoli, Barka, Alexandrie et les Échelles levantines, les communications et les échanges sur le versant occidental de l'univers arabe. L'Égypte, ouverte sur l'Afrique et l'Extrême-Orient, constitua désormais la charnière de cette aire de relations très actives. Les navires de Byzance sillonnaient la mer Noire, mais se trouvaient pratiquement cantonnés dans les détroits et dans la mer Égée.
Des liaisons maritimes entre la chrétienté latine et les deux autres mondes riverains de la Méditerranée, le byzantin et le musulman, subsistèrent cependant ; elles furent désormais principalement assurées par les flottilles de deux ports italiens naturellement protégés des agressions venues du continent, l'un par des lagunes, Venise, l'autre par des reliefs abrupts, Amalfi. Les Vénitiens et les Amalfitains demeuraient sous la protection de Byzance ; l'empereur d'Orient leur accorda en 992 des privilèges commerciaux qui leur assuraient pratiquement le monopole des exportations à destination de l'Italie ;[...]
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Écrit par
- André BOURDE : professeur à l'université de Provence, directeur de l'Institut d'art
- Georges DUBY : de l'Académie française
- Claude LEPELLEY : chargé d'enseignement à l'université de Lille
- Jean-Louis MIÈGE : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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