MÉDITERRANÉE HISTOIRE DE LA
Temps modernes
De la prise de Constantinople à la mort de Philippe II
Soliman le Magnifique
Après la prise de Constantinople, la conquête ottomane s'étendit rapidement aux pays de la Méditerranée orientale. Maîtres des détroits, les Turcs chassent les Génois de la mer Noire et de la mer Égée. Venise perd ses positions en Grèce et dans l'Archipel, se replie sur Chypre qu'elle enlève aux Lusignan. Elle conclut avec le sultan une alliance qui lui permet, malgré tout, de continuer son commerce avec le Levant. Puis les Ottomans conquièrent l'Égypte sur les Mamelouks, prennent Le Caire (1517), établissent leur suzeraineté sur La Mecque et l'Arabie. Soliman le Magnifique s'empare de Bagdad et de la Mésopotamie, mais il est arrêté dans sa marche vers l'Inde. En même temps, il prend Rhodes (1522), pénètre dans les Balkans et l'Europe danubienne où tombent successivement Belgrade (1521) et Bude (1526) ; Vienne est assiégée (1529). La navigation chrétienne, refoulée vers l'ouest, est désormais harcelée par la marine turque et les corsaires maghrébins, comme Khayr al-Din, dit Barberousse, que le sultan s'adjoint comme auxiliaires et qui lui permettent, malgré les opiniâtres tentatives de Charles Quint pour se maintenir à La Goulette de Tunis ou pour prendre Alger, d'étendre le protectorat ottoman sur le Maghreb littoral (le Maroc excepté). Par l'intermédiaire des pachas et de leurs gardes turques qu'ils installent dans les pays, les Ottomans organisent un vaste empire militaire. Des architectes et des artistes, héritiers des traditions byzantines, persanes ou syriennes, embellissent Constantinople qui regagne bientôt son rôle d'emporium majeur de la zone méditerranéenne.
En même temps que se développent les conquêtes turques, l'expansion portugaise dans l'océan Indien détourne, au profit de Lisbonne, le trafic commercial des épices, détenu jusque-là par les Arabes, et qui aboutissait à Alexandrie ; la rapide décadence de celle-ci retentit sur Venise, son principal client. Confisqué dans l'Océan par les Portugais et leurs successeurs hollandais et anglais, le commerce asiatique retrouve, pour une part, la voie continentale des caravanes par la Mésopotamie et l'Asie antérieure. Constantinople reprend sa position de grande ville d'affaires entre l'Asie et l'Europe, animée par des négociants syriens, persans, juifs, grecs. Les riches marchés de Constantinople et des villes des Échelles (Smyrne, Alep, Tripoli) sont exploités par les Vénitiens, puis – à la faveur des Capitulations – par les Marseillais que suivront plus tard les Compagnies du Levant hollandaise et anglaise.
Les guerres d'Italie
Une telle évolution était impossible à prévoir, même à l'heure où le Génois Christophe Colomb, agissant pour le compte de l'Espagne, découvre l'Amérique et au moment où les Portugais atteignent l'Inde. La Méditerranée était alors le centre du trafic avec l'Orient, et l'Italie en restait l'étape essentielle, inégalée par l'éclat et l'opulence de ses riches cités banquières et commerçantes qu'illustrent tous les prestiges de l'humanisme et de la Renaissance. En 1480, la France acquiert, avec la Provence, les droits du roi René héritier des Anjou sur Naples, Chypre et le royaume de Jérusalem. Pour faire valoir ces droits, établir son hégémonie sur l'Italie et sur la mer, Charles VIII, renversant la politique réaliste de ses prédécesseurs – rassembleurs des terres « françaises » – entreprend les guerres d'Italie. Le grand mirage impérial et archaïque des rois français a été soutenu pourtant par les intérêts capitalistes, par les gens d'affaires modernes ambitionnant de reconquérir les marchés du Levant, de ravir à Venise sa primauté économique. Mais l'aventure des guerres d'Italie n'est que le premier acte[...]
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Écrit par
- André BOURDE : professeur à l'université de Provence, directeur de l'Institut d'art
- Georges DUBY : de l'Académie française
- Claude LEPELLEY : chargé d'enseignement à l'université de Lille
- Jean-Louis MIÈGE : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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