- 1. Naissance d’une discipline autonome, émancipée de la philosophie
- 2. L’école allemande, fer de lance de la psychologie expérimentale
- 3. En France, l’école psychopathologique
- 4. Alfred Binet, psychologue de la mémoire, de l’attention et de l’intelligence
- 5. Une diversification des approches : l’émergence de nouveaux courants
- 6. L’âge d’or du comportementalisme
- 7. La révolution cognitive
- 8. Bibliographie
PSYCHOLOGIE HISTOIRE DE LA
L’école allemande, fer de lance de la psychologie expérimentale
C’est le physiologiste Wilhelm Wundt (1832-1920) qui sera l’un des premiers à promouvoir la nouvelle psychologie en la dégageant du discours philosophique et en l’appuyant sur l’expérimentation. Dès 1862, il propose la constitution officielle de la psychologie expérimentale en tant que discipline autonome. L’objectif de Wundt est d’étudier au moyen de l’expérimentation, et grâce aux méthodes psychophysiques et psychométriques, le contenu de la conscience en partant des sensations élémentaires pour parvenir aux perceptions (formées par combinaisons de sensations) et si possible s’élever jusqu’aux processus supérieurs. Cette psychologie est très liée à la physiologie, comme l’indique le titre de la première édition du premier traité moderne de psychologie expérimentale (Éléments de psychologie physiologique) qui fut publié par Wundt en 1874. La chronométrie mentale, issue des travaux en astronomie, formait à l’époque, avec la psychophysique sensorielle de Fechner et ses émules, l’une des parties les plus avancées de la psychologie des laboratoires. Si, en psychophysique, on essaie de trouver les rapports qui existent entre l’intensité d’une stimulation et la sensation ressentie, en chronométrie mentale on se propose, à l’instar des travaux de Hermann von Helmholtz (1821-1894) et Franciscus Donders (1818-1889), d’estimer la vitesse et la durée d’un phénomène de conscience. Ces deux branches de la psychologie expérimentale connurent un développement extraordinaire au cours du xixe siècle, et des débats houleux se firent jour notamment à propos de la psychophysique. La formule logarithmique de Fechner fut critiquée notamment par le physicien belge Joseph Plateau (1801-1883) et le psychologue autrichien Franz Brentano (1838-1917), qui lui préférèrent une formule de type puissance adoptée plus tard, au cours des années 1950, par Stanley Smith Stevens (1906-1973). D’autres auteurs, notamment Henri Bergson (1859-1941), rejetèrent l’idée même d’une mathématisation de la psychophysique. Quoi qu’il en soit, les véritables origines de la psychologie scientifique moderne ne se trouvent ni chez les philosophes ni chez les médecins, mais plutôt chez les physiciens et les physiologistes intéressés par les problèmes liés aux questions portant sur les sensations et les perceptions. C’est sur la base de ces travaux que Wundt va fonder en 1879 le premier laboratoire de psychologie expérimentale à l’université de Leipzig où il développera ces thèmes de recherche. La fondation de ce laboratoire marque une date importante en psychologie dans la mesure où il deviendra un centre de formation de première importance en Europe. De nombreux jeunes gens, principalement des Allemands, mais aussi quelques étrangers, notamment des Américains comme Granville Stanley Hall (1844-1924) et James McKeen Cattell (1860-1944), viendront se former aux techniques et aux instruments utilisés par la psychologie expérimentale naissante. En plein développement économique et académique, la jeune Amérique fut très tôt ouverte à la nouvelle psychologie scientifique comme en témoigne la création des départements autonomes de psychologie dans la plupart des universités. Ce ne fut pas le cas de nombreux pays européens, notamment la France et l’Angleterre, où les philosophes, considérant que la psychologie classique était à la base des études philosophiques, freinèrent le développement de cette nouvelle science.
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Écrit par
- Serge NICOLAS : professeur de psychologie, université de Paris-V-René-Descartes
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