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PSYCHOLOGIE HISTOIRE DE LA

En France, l’école psychopathologique

<em>Une leçon clinique à la Salpêtrière</em>, A. Brouillet - crédits : Photo 12/ Universal Images Group/ Getty Images

Une leçon clinique à la Salpêtrière, A. Brouillet

Alors que les psychologies allemande et américaine ont surtout été des psychologies de laboratoire de nature essentiellement expérimentale, la psychologie scientifique développée ailleurs était parfois d’une autre nature. En France, par exemple, l’enseignement de celle-ci fut initié par Théodule Ribot (1839-1916) d’abord à la Sorbonne (1885) puis au Collège de France (1888). Ribot avait fait connaître en France les écoles psychologiques étrangères entre 1870 et 1879, et avait fondé en 1876 la Revue philosophique de la France et de l’étranger, qui accueillait de nombreux articles traitant de psychologie. Il s’appuyait dans ses travaux et dans ses cours sur la méthode pathologique en lien avec les enseignements de Jean Martin Charcot (1825-1893) à la Salpêtrière et il fut à l’origine de l’idée d’étudier les grandes fonctions mentales en les abordant du point de vue de la pathologie.

Au cours des années 1870-1880, la majorité des psychologues français sont des psychiatres et le développement de la discipline se réalise en dehors des laboratoires et des universités. Charcot inaugure à l’hôpital de la Salpêtrière deux domaines de recherche majeurs en psychologie. Le premier, le plus connu, est celui de l’étude de l’hystérie et de l’hypnose, qui attire en 1885 le jeune médecin viennois Sigmund Freud (1856-1939) – avant qu’il développe quelques années plus tard la psychanalyse – et le savant belge Joseph Delbœuf (1831-1896), un spécialiste déjà reconnu de la psychophysique, plus proche d’ailleurs des représentants de l’école hypnotique de Nancy dirigée alors par Hippolyte Bernheim (1840-1919) que de ceux de la Salpêtrière. À la suite des travaux princeps de Paul Broca (1824-1880) sur l’aphasie qui fondent la neuropsychologie clinique, Charcot s’intéresse aux troubles du langage. Avec l’aide de son jeune collaborateur Pierre Janet (1859-1947), il se consacre également à l’amnésie et plus généralement à l’étude des fonctions motrices et organiques en lien avec les états mentaux.

Charcot et Ribot furent à l’initiative d’une des premières sociétés de psychologie (1885) et de l’organisation du premier Congrès international de psychologie (1889), qui eut lieu à Paris et auquel participèrent les plus éminents psychologues de l’époque dont William James (1842-1910) pour les États-Unis, Théodore Flournoy (1854-1920) pour la Suisse, Hermann Ebbinghaus (1850-1909) pour l’Allemagne, etc. De nombreux psychologues francophones (Piéron, Fraisse, Piaget, Claparède, Nuttin, Denis, etc.) eurent des responsabilités importantes par la suite au sein de l’association internationale organisatrice de ces congrès qui ont encore lieu aujourd’hui tous les quatre ans. La psychologie devenait visible en tant que science autonome et c’est à cette époque que de nombreuses revues spécialisées, la majorité d’entre elles encore éditées, vont voir le jour dans le but de communiquer les résultats de la nouvelle science psychologique : The American Journal of Psychology (1887), fondé par Granville Stanley Hall ; Zeitschriftfür Psychologie (1890) fondé par Hermann Ebbinghaus ; PsychologicalReview (1894), fondée par James Mark Baldwin (1861-1934) et James McKeen Cattell ; L’Année psychologique (1895), fondée par Alfred Binet (1857-1911) et Henry Beaunis (1830-1921) ; Les Archives suisses de psychologie (1901), fondées par Théodore Flournoy et Édouard Claparède (1873-1940) ; Journal de psychologie normale et pathologique(1904), fondé par Pierre Janet et Georges Dumas (1866-1946) ; etc.

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Écrit par

  • : professeur de psychologie, université de Paris-V-René-Descartes

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<em>Les Quatre Tempéraments</em>, Livre des barbiers-chirurgiens de la ville d’York - crédits : British Library/ AKG-images

Les Quatre Tempéraments, Livre des barbiers-chirurgiens de la ville d’York

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