HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE, Jules Michelet Fiche de lecture
Un mysticisme républicain
Apôtre de la République, Michelet veut à la fois, dans l'Histoire de la Révolution française, analyser les raisons profondes de l'échec de la monarchie absolue en France, et donner à comprendre les bases d'un nouveau régime fondé sur la générosité et l'héroïsme des hommes. Pour lui, la Révolution est une seconde Révélation, qui s'effectue par la justice et non plus par la grâce : « La Révolution fonde la fraternité sur l'amour de l'homme pour l'homme, sur le devoir mutuel, sur le Droit et la Justice. »
C'est donc presque une fougue mystique qui anime l'auteur dans son propos, au détriment parfois de l'analyse historique. L'œuvre est moins une reconstitution d'événements ou une galerie de portraits, qu'une vision, au sens religieux du terme. Michelet se fait prédicateur et voit dans la République un nouveau salut. L'occasion lui est aussi fournie d'exalter le xviiie siècle, le seul « grand siècle » à ses yeux, en poursuivant l'œuvre militante des philosophes des Lumières, Montesquieu, Voltaire, Diderot.
Ce qui fait la réussite de l'Histoire de la Révolution française, c'est indéniablement son souffle épique, qui donne une véritable intensité dramatique au récit. Cette fougue doit beaucoup à la possibilité qu'eut Michelet d'interroger directement des témoins encore vivants de la Révolution française. Ces témoignages oraux donnent au récit une présence que les seules archives n'auraient pu lui apporter. La différence est particulièrement flagrante avec L'Histoire de la Révolution française d'Adolphe Thiers (1797-1877), publiée de 1823 à 1827, fondée sur l'examen rationnel des faits, la mise en valeur du mythe révolutionnaire, mais dénuée de vie.
En 1871, Michelet entreprend de donner une suite à son ouvrage, intitulée Histoire du XIXe siècle. Mais il meurt en 1874, après en avoir achevé seulement le tome III. La postérité de l'œuvre est considérable : jusqu'au début du xxe siècle, la Révolution française sera vue comme la geste du peuple avant que l'historiographie contemporaine ne lui rende une place plus raisonnable.
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Écrit par
- Jean-François PÉPIN : agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur au lycée Jean-Monnet, Franconville
Classification
Autres références
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MICHELET JULES (1798-1874)
- Écrit par Paul VIALLANEIX
- 2 766 mots
- 2 médias
...français. Il en peignit le portrait contemporain dans Le Peuple (1846). Il jugea surtout urgent d'en célébrer le dernier et le plus haut exploit : la Révolution de 1789, dont il publia l'histoire de 1847 à 1853. Dans cette entreprise, il bénéficia non seulement de l'expérience acquise au cours de la...