TECHNIQUES HISTOIRE DES
Les techniques hors d'Europe
Les grands empires antiques s'effondrant, les Arabes poursuivent et font fructifier, pendant plusieurs siècles, cette culture scientifique et technique en sommeil. Ils perfectionnent, jusqu'au Moyen Âge, les techniques de mesure du temps et d'irrigation, mettent en chantier des constructions et des machines imposantes tout en réalisant de grands progrès scientifiques, dans les mathématiques et la médecine notamment.
En Extrême-Orient, une civilisation technicienne très novatrice se développe, avec l'usage précoce de la fonte et du bambou comme matériaux de base, dans les constructions civiles comme dans les machines. Les civilisations chinoise, indienne et arabe entretiendront d'ailleurs de constants échanges commerciaux, notamment par la mer, d'où de nombreux transferts de technologie entre elles pendant plusieurs siècles.
La naissance de la civilisation chinoise se produit dans la vallée du fleuve Jaune dès le IIIe millénaire et l'avènement de l'écriture, au xive siècle av. J.-C., jouera un rôle capital dans son expansion. La mise en place très précoce de l'unité du pays, dès 1500-1030 av. J.-C., favorisera grandement le développement progressif des techniques. Nombre d'entre elles seront introduites en Occident, comme le papier ou la boussole, alors que certains domaines, comme la métallurgie et la construction navale, suivront une évolution parallèle à celle des civilisations occidentales.
C'est probablement le savoir-faire acquis dans la fusion du bronze qui a permis aux Chinois d'obtenir de la fonte de fer dès les derniers siècles avant notre ère. Son usage dans les objets domestiques (statues, récipients, outils...) et dans la construction (pagodes) montre une maîtrise de la fonderie de fer largement en avance sur l'Occident. L'autre technique maîtrisée dès le vie siècle de notre ère par les sidérurgistes chinois est la fabrication de l'acier par cofusion, technique originale consistant à brasser ensemble de la fonte et du fer en fusion continûment pendant plusieurs jours.
Alors que certaines techniques apparaissent à des stades d'évolution similaires à l'Occident, comme la céramique, d'autres dénotent avec certitude une antériorité importante de la Chine. C'est le cas du papier fabriqué dès le iie siècle apr. J.-C., d'abord à base d'écorce de mûrier, et qui se répandra dans toute la Chine, comme support de l'écrit mais aussi dans beaucoup d'objets mobiliers, avant d'être transmis, à partir du viiie siècle, au Moyen-Orient pour atteindre l'Europe occidentale au xiiie siècle. L'usage de l'écriture idéographique favorisera la mise au point précoce de techniques d'impression sur papier au moyen de caractères mobiles gravés dans de l'argile durcie, technique typographique inventée par Pi Ching vers 1045. Le cheminement de l'imprimerie chinoise vers l'ouest s'est arrêté aux portes de l'Occident qui a redécouvert la technique de l'impression par caractères métalliques mobiles en Allemagne, au milieu du xve siècle, par Johannes Gensfleich dit Gutenberg.
Avec le papier, l'imprimerie et la boussole – dont les propriétés magnétiques sont connues depuis le iie siècle av. J.-C. mais utilisées seulement depuis le xiie siècle pour la navigation –, la poudre à canon est la quatrième grande innovation proprement chinoise. En tout état de cause, la découverte des mélanges détonants et leurs applications festives ou militaires semblent s'être effectuées aux deux extrémités du continent eurasiatique de façon indépendante, avec quelques ponts, lancés par les Arabes notamment, pour introduire du naphte en Chine ou en rapporter la technique des fusées. Les Chinois se sont, comme les Grecs, intéressés à la mécanique, mais plus[...]
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Écrit par
- Bruno JACOMY : conservateur en chef honoraire du patrimoine
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