TECHNIQUES HISTOIRE DES
Le siècle des Lumières et de la machine à vapeur
Encyclopédie de Diderot et d’Alembert
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Plus que le point de départ de l'âge industriel, le travail herculéen qu'a représenté l'Encyclopédie de Diderot (publiée de 1751 à 1772) constitue une prodigieuse table des matières des techniques classiques alors à leur maturité. La forêt, principal fournisseur de matériau combustible avant l'expansion des techniques minières, est l'objet d'une intense exploitation depuis le Moyen Âge. Le déboisement important que subit l'Angleterre, puis d'autres pays européens au cours du xviiie siècle, provoquera d'importantes réorganisations dans les campagnes. Mais d'autres changements techniques que ceux affectant les techniques du fer ou du verre vont alors rejaillir sur le monde rural. L'essor de l'industrie textile, au cœur du xviiie siècle, provoque lui aussi des innovations dans la culture du lin, celle du mûrier pour l'élevage des vers à soie, etc.
Les techniques liées notamment aux usages de l'eau, vont bénéficier d'importants progrès. Les moulins qui ont, dans leur principe, peu évolué depuis le xiie siècle, vont subir un véritable changement d'échelle : apparaissent des unités de production de volume important où la roue à aubes, devenue imposante, met en jeu de nombreuses machines par l'intermédiaire d'engrenages, d'arbres, de poulies et de courroies.
Dans le domaine de la construction, des ponts ou des charpentes très hardis préfigurent les grandes architectures en fer du xixe siècle. Construction navale et constructions civiles donneront naissance aux grands corps d'État que seront les ingénieurs de la marine et ceux des ponts et chaussées, alors que les constructeurs de moulins, traditionnellement indépendants des pouvoirs centraux, constitueront le ferment des ingénieurs civils et des ingénieurs mécaniciens sur lesquels reposeront pour beaucoup les progrès techniques du xixe siècle.
Autour de Christiaan Huygens (1629-1695), Denis Papin (1647-vers 1712 ?), Gottfried Wilhelm Leibniz (1646-1716) et autres savants du xviie siècle, s'est créée une véritable émulation à propos de la pression atmosphérique et de l'utilisation de la chaleur. Après les essais de Papin et la machine de Savery de 1698, une troisième machine permet un pas décisif pour l'émergence de la machine à vapeur. Thomas Newcomen (1663-1729), marchand de machines de mines, crée une machine atmosphérique enfin vraiment fonctionnelle en 1712. Destinée à l'exhaure des mines, elle sert de base aux travaux de James Watt (1736-1819), en Angleterre, et des frères Jacques-Constantin (1742-1818) et Auguste-Charles Périer, en France.
Cette préhistoire de la machine à vapeur aboutit à la naissance de la machine de Watt, mise en action avec succès en 1776 et qui bénéficie des progrès que les machines précédentes ont induits dans la mécanique et la métallurgie. Tout un mouvement s'est développé au cours du xviiie siècle pour résoudre les problèmes techniques qui bloquaient les progrès de la machine de Newcomen. La machine à aléser les cylindres, mise au point en 1775 par John Wilkinson (1728-1808), joue à ce niveau un rôle essentiel.
Rien ne peut alors arrêter le mouvement d'industrialisation qui a commencé à s'opérer et, au troisième tiers du xviiie siècle, divers facteurs se conjuguent : des facteurs techniques, bien sûr, mais aussi un terrain économique et social propice. Comme la machine à vapeur, le textile joue un rôle essentiel dans l'avènement du nouveau système technique, avec une semblable succession de petits perfectionnements ou d'inventions géniales parfois passées inaperçues. Le xviiie siècle est caractéristique des changements de tous ordres ayant pour principale cause des innovations techniques, telle la compétition entre les deux grandes branches de l'industrie[...]
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Écrit par
- Bruno JACOMY : conservateur en chef honoraire du patrimoine
Classification
Médias
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