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HISTOIRE DES TREIZE, Honoré de Balzac Fiche de lecture

Honoré de Balzac, A. Rodin - crédits : D. Greco

Honoré de Balzac, A. Rodin

Publiée de 1833 à 1835, Histoire des Treize se compose de trois récits – Ferragus, chef des dévorants, La Duchesse de Langeais, La Fille aux yeux d'or – qui retracent quelques-unes des aventures des membres d'une société secrète. Les Treize sont des hommes supérieurs qui, lassés de leur existence plate, ont décidé de s'unir par un pacte et de conjuguer leurs forces pour, au mépris de l'ordre social, s'adonner à « la religion du plaisir et de l'égoïsme » et mener « une vie de flibustier en gants jaunes et carrosse » : « Ce furent treize rois inconnus, mais réellement rois, et plus que rois, des juges et des bourreaux qui, s'étant fait des ailes pour parcourir la société de haut en bas, dédaignèrent d'y être quelque chose, parce qu'ils y pouvaient tout. » En fait, même si Honoré de Balzac (1799-1850) a tissé quelques liens entre eux, ces trois récits sont largement autonomes. Toutefois, ils sont bâtis sur un scénario assez similaire : la mise en présence de personnages qui n'auraient pas dû se rencontrer et qu'une fatalité tragique va réunir et détruire.

Trois passions secrètes

Dans Ferragus, c'est Maulincour qui, alors qu'il flâne dans une ruelle sordide, aperçoit une femme élégante entrant dans une masure. Il reconnaît celle qu'il aime en secret, Clémence Desmarets, la femme d'un riche agent de change. Convaincu qu'elle se rend à un rendez-vous galant, la jalousie le pousse à mener une enquête. Celle-ci le conduit sur la piste de Ferragus, alias Jean-Joseph Bourignard, un forçat évadé que la police croit mort. Ce dernier tend des pièges mortels à son poursuivant qui les esquive avant de mourir empoisonné. Maulincour a eu le temps de faire part de ses soupçons à Jules Desmarets, qui interroge son épouse ; Clémence ne peut prouver son innocence et tombe gravement malade. Elle répond néanmoins à un nouvel appel de Ferragus. Informé, Jules assiste en cachette à leur rencontre. Il découvre que sa femme est non pas la maîtresse, mais la fille du forçat, ce qui explique son silence. Par là, il porte un coup fatal à Clémence qui meurt en l'assurant de son amour.

Même fatalité dans La Duchesse de Langeais. Antoinette de Navareins a épousé le marquis de Langeais, duquel elle est séparée. Entourée de soupirants, elle mène une vie mondaine au cœur du faubourg Saint-Germain. Elle s'amuse à séduire le marquis de Montriveau, héros de l'armée napoléonienne qui rentre d'un long séjour en Afrique. Celui-ci tombe éperdument amoureux de la duchesse, mais ne trouve en face de lui qu'une coquette décidée à le faire languir sans lui accorder ses faveurs. Humilié et exaspéré, Montriveau la fait enlever, résolu à lui imprimer au fer rouge sur le front une croix de Lorraine qui fera d'elle son bien. En fait, il se contente de la menacer et la libère, en lui témoignant à son tour une froideur méprisante. Domptée, la duchesse s'éprend alors du marquis. Cependant, elle a beau compromettre sa réputation pour lui, elle ne parvient pas à le revoir. Désespérée, elle se retire dans un couvent. C'est parmi les religieuses, sur une île de la Méditerranée, que Montriveau, qui a exploré tous les couvents d'Europe, la retrouve. Toujours épris, il projette de l'enlever. Mais, au moment d'y parvenir, il ne trouve qu'une morte.

La troisième rencontre, enfin, est celle de la « fille aux yeux d'or » que croise un jour aux Tuileries le jeune dandy Henri de Marsay. Après l'avoir fait suivre, il apprend qu'elle se nomme Paquita Valdès et habite un splendide hôtel où elle est quasi prisonnière. Après qu'il a réussi à entrer en contact avec elle, Paquita lui accorde un mystérieux rendez-vous où elle manifeste autant de désir que de peur. Lors d'une deuxième rencontre, elle se donne à lui en l'appelant Mariquita. Henri[...]

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Écrit par

  • : agrégé de lettres modernes, ancien élève de l'École normale supérieure

Classification

Média

Honoré de Balzac, A. Rodin - crédits : D. Greco

Honoré de Balzac, A. Rodin