- 1. La genèse et le développement de l'histoire économique
- 2. L'« ère labroussienne » en France
- 3. Le déclin des années 1970-1980
- 4. La « New Economic History » (ou cliométrie) et son impact limité
- 5. De la « Business History »à l'histoire des techniques
- 6. Vers une histoire sociale, culturelle et politique de l'économie
- 7. Vers une histoire économique du social, de la culture et du politique
- 8. Bibliographie
HISTOIRE (Domaines et champs) Histoire économique
L'histoire économique s'est construite dans la longue durée et ne s'est véritablement institutionnalisée, sous l'effet de facteurs multiples et diversement actifs selon les lieux, qu'à partir de la fin du xixe siècle. Elle a connu un apogée dans le deuxième tiers du xxe siècle – entre la crise des années 1930 et la fin des Trente Glorieuses −, puis un certain fléchissement avec, toutefois, d'importantes phases de renouvellement. La construction de l'histoire économique résulte tout à la fois de l'évolution et de la spécialisation de la réflexion littéraire et philosophique avant le xixe siècle, des fluctuations des pôles d'intérêt des historiens et, plus fondamentalement, des relations nouées par ceux-ci avec les sciences économiques, et même avec les autres sciences sociales. Ces évolutions ont eu lieu selon des rythmes et des configurations variables en fonction des pays avec, notamment, par-delà une hégémonie originelle anglo-saxonne et germanique, des formes et une périodisation propres à la France.
La genèse et le développement de l'histoire économique
Certains auteurs, tels Ibn Khaldun probablement au xive siècle, à coup sûr Guillaume Budé et Jean Bodin au xvie siècleou William Petty et Gregory King au xviie siècle, voire Adam Smith, Voltaire ou Condorcet au xviiie siècle, font œuvre, sans qu'ils en aient nécessairement conscience, d'historiens économistes par leur souci de se libérer des contraintes de la chronique en combinant chiffres et analyses de problèmes périodisés dans le temps, qu'il s'agisse de mesurer la monnaie, les prix, les hommes ou même la richesse nationale. Mais leur œuvre ne demeure guère dissociable d'une entreprise littéraire au sens large, où d'ailleurs économie, histoire, morale et métaphysique se mêlent fréquemment sans être véritablement différenciées clairement par leurs contemporains.
On s'accorde généralement à penser que l'histoire économique en tant que discipline universitaire académique, autonome, reconnue et institutionnalisée naît vers 1850, et se développe surtout dans la décennie de 1870 à la fois en Prusse (puis en Allemagne après 1871) et aux États-Unis. Sa genèse et son évolution ne peuvent d'ailleurs être dissociées des histoires nationales qui l'ont vue naître. Ainsi, les principales revues et universités d'histoire économique (Berlin, Strasbourg, Harvard en particulier) sont contemporaines de la construction de l'État-nation dans ces deux pays et apparaissent alors fortement liées à des finalités nationales et idéologiques. En Allemagne, l'histoire économique prend toute sa part à la construction de l'identité nationale et du nationalisme économique à son service. Aux États-Unis, elle est fondée sur une interprétation économique de la Constitution américaine – et particulièrement des moyens de garantir les droits de propriété –, ou encore sur une interprétation de la « frontière » constitutive de l'identité nationale. Après 1900, Manchester, Cambridge et Londres fondent également chaires et revues d'histoire économique. Nombre des travaux publiés alors s'appuient sur l'idée maîtresse de l'antériorité de l'industrialisation britannique. À partir de la fin des années 1920, la London School of Economics et l'Economic History Review pour le Royaume-Uni, Harvard et le Journal of Economic History pour les États-Unis exercent alors leur hégémonie, laquelle perdure au début du xxie siècle. Après la Seconde Guerre mondiale, lors de la guerre froide et de la compétition avec les pays d'économie socialiste, nombre de travaux d'histoire économique appartiennent à l'école historique américaine dite « du consensus », qui insiste sur les vertus du take off (décollage) – terme emprunté[...]
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Écrit par
- Michel MARGAIRAZ : professeur d'histoire contemporaine à l'université de Paris-VIII
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Média
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