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HISTOIRE (Domaines et champs) Histoire politique

La résurrection de l'histoire politique

C'est précisément dans la brèche abandonnée par ces courants dominants que va se renouveler l'histoire politique au milieu des années 1970. Plusieurs phénomènes concomitants rendent compte de ce phénomène, dont certains dépassent très largement le cadre de la recherche historique.

En premier lieu, la perte de prestige du modèle communiste en Europe entraîne une crise de l'approche marxiste dans les milieux intellectuels. Elle se répercute chez les historiens, qui considèrent alors que l'économique et le social n'expliquent pas tout et qu'il est nécessaire de prendre en compte d'autres paramètres. On assiste, en second lieu, à un certain essoufflement de l'École des Annales qui ne constitue plus, comme dans la décennie précédente, un pôle d'attraction pour l'ensemble de la recherche. D'autant que, sous l'influence de Fernand Braudel, elle tend à se constituer en groupe fermé édictant dogmes et interdits, et séparant la bonne histoire (celle qu'elle pratique) de l'ivraie des productions qui lui sont extérieures. Il faudra, d'ailleurs, peu de temps pour que quelques chercheurs de l'École des hautes études en sciences sociales remettent en cause la condamnation de l'histoire politique, considérant que celle-ci renferme des potentialités beaucoup plus fécondes que la vision réductrice et caricaturale qui en a été donnée. Retrouvant la vigueur de l'inspiration des origines, les historiens médiévistes Georges Duby et Jacques Le Goff, le moderniste Emmanuel Le Roy Ladurie, les contemporanéistes François Furet, Mona Ozouf ou Pierre Nora produisent alors des ouvrages inventifs et originaux qui s'inscrivent incontestablement dans les cadres d'une histoire politique renouvelée, en cherchant à donner sens aux événements historiques (réhabilités) et en privilégiant l'interprétation sur la description.

Ils ont été, toutefois, précédés dans cette voie par le renouveau de l'histoire politique française qui s'est opéré dès les années 1960 autour de René Rémond. La parution, en 1954, de son ouvrage pionnier, La Droite en France de 1815 à nos jours, tranche fortement avec la production d'histoire classique et s'inspire davantage des approches de la science politique puisque l'auteur suit, sur un siècle et demi, les trois traditions françaises de droite qu'il définit et dont il analyse les composantes en montrant à la fois la continuité de leur inspiration et leur adaptation à une conjoncture changeante. Ce renouvellement de la manière de concevoir l'histoire politique marque les activités de recherche et les ouvrages de l'auteur et encourage toute une génération de jeunes historiens du contemporain à travailler sous sa direction. Les institutions où il enseigne, l'université de Paris-X-Nanterre et l'Institut d'études politiques de Paris, vont devenir les lieux privilégiés du renouveau de l'histoire politique contemporaine. À partir du milieu des années 1970, on assiste à une véritable floraison de thèses, colloques, tables rondes, ouvrages et séminaires de recherche traitant de l'histoire politique. Deux ouvrages qui tentent de faire le point sur le sens et la direction de ces nouvelles recherches permettent de jalonner les étapes de cet essor. Tout d'abord, en 1988, sous la direction de René Rémond est publié Pour une histoire politique. Ce livre analyse, autour d'une dizaine de thèmes, les multiples secteurs de cette histoire politique renouvelée et les nouvelles approches mises en œuvre pour y parvenir (les élections, les partis, la biographie, l'opinion, les intellectuels, les médias, etc.). Ensuite, dix ans plus tard, Serge Berstein et Pierre Milza reprennent l'idée en l'orientant différemment : Axes et méthodes[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités à l'Institut d'études politiques de Paris

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