Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

HISTOIRE (Histoire et historiens) Les usages sociaux de l'histoire

Une histoire nationale

Au-delà de la commande reconnue et acceptée par l'historien s'organise une zone grise où la quête de la vérité s'inscrit dans le contexte de production d'une légitimité pour une collectivité. Ainsi, le xixe siècle devient le « siècle de l'histoire » parce que l'histoire s'y fait science tout en fournissant l'arsenal de justifications et d'identifications qui fonde les États-nations. Dans cette phase de « fabrication » des entités nationales, la création d'une historiographie nationale, preuve de l'ancienneté de la nation et de sa consécration nécessaire sous la forme d'un État, grève d'anachronismes les écrits savants. Aussi bien les érudits allemands autour de l'entreprise des Monumenta Germaniae historica que les historiens libéraux de la Restauration remplissent ce rôle de constructeurs d'une geste nationale. Le succès des procédures critiques selon les canons de la science historique allemande ne freine pas le phénomène mais tend au contraire à démontrer la valeur objective de ces démonstrations. En 1876, Gabriel Monod délivre dans l'article inaugural de la Revue historique la forme la plus achevée de cette imbrication de l'idéal savant et de la célébration nationale : « C'est ainsi que l'histoire, sans se proposer d'autre but et d'autre fin que le profit qu'on tire de la vérité, travaille d'une manière secrète et sûre à la grandeur de la Patrie en même temps qu'au progrès du genre humain ».

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur des Universités en histoire contemporaine, Institut d'études politiques, université de Lille-II

Classification

Médias

Thucydide - Athènes - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Thucydide - Athènes

Saint Louis - crédits : AKG-images

Saint Louis

Dreyfus en cour martiale - crédits : Henry Guttmann/ Getty Images

Dreyfus en cour martiale

Autres références

  • HISTOIRE (notions de base)

    • Écrit par
    • 3 161 mots

    Tandis que la physique étudie le monde sensible ou la chimie la transformation de la matière, l’histoire (mot issu d’un vocable grec signifiant « enquête ») étudie... l’histoire. La plupart des langues européennes désignent également par un même mot l’étude et l’objet de l’étude. Est-ce là une imperfection...

  • LE RÔLE SOCIAL DE L'HISTORIEN (O. Dumoulin)

    • Écrit par
    • 995 mots

    Au cours de ces dernières décennies, les scènes d'intervention de l'historien se sont multipliées. Sans changer apparemment de costume, l'historien joue de nouveaux rôles : désormais requis comme témoin ou expert sur des scènes sociales – tribunaux, médias, commissions, etc. –, qui ne sont pas a priori...

  • À DISTANCE. NEUF ESSAIS SUR LE POINT DE VUE EN HISTOIRE (C. Ginzburg) - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 1 032 mots

    À distance. C'est sous ce titre que l'édition française de l'ouvrage de Carlo Ginzburg rassemble les neuf essais qui le composent (Gallimard, Paris, 2001). Le livre est traduit trois ans après sa publication en italien chez Giangiacomo Feltrinelli Edition sous le titre d'Occhiacci...

  • L'ÂGE DES EXTRÊMES. HISTOIRE DU COURT XXe SIÈCLE (E. Hobsbawm)

    • Écrit par
    • 805 mots

    L'Âge des extrêmes (Complexe-Le Monde diplomatique, 1999) constitue le quatrième et dernier tome d'un ensemble d'ouvrages qui ont analysé le destin des sociétés depuis la fin du xviiie siècle. Le premier tome, L'Ère des révolutions, traite de la transformation du monde...

  • AGERON CHARLES-ROBERT (1923-2008)

    • Écrit par
    • 776 mots

    Historien de l'Algérie contemporaine, Charles-Robert Ageron est né le 6 novembre 1923 à Lyon. Il était issu d'une famille de petits patrons d'atelier. Son père dirigeait une modeste entreprise de mécanique. Bachelier en 1941, il s'inscrit à la faculté des lettres de Lyon où l'un de ses professeurs...

  • AGNOTOLOGIE

    • Écrit par
    • 4 992 mots
    • 2 médias

    Le terme « agnotologie » a été introduit par l’historien des sciences Robert N. Proctor (université de Stanford) pour désigner l’étude de l’ignorance et, au-delà de ce sens général, la « production culturelle de l’ignorance ». Si son usage académique semble assez circonscrit à la ...

  • Afficher les 329 références