- 1. Une actualité brûlante
- 2. Aux origines
- 3. Entre science et propagande
- 4. Une histoire nationale
- 5. L'histoire pour éduquer
- 6. Fabrication de mémoire, thaumaturgie identitaire
- 7. Au tribunal de l'histoire
- 8. Les formes nouvelles de la commande
- 9. Diffusion de la littérature historique et démultiplication des usages
- 10. Bibliographie
HISTOIRE (Histoire et historiens) Les usages sociaux de l'histoire
Les formes nouvelles de la commande
Témoin, avocat d'une cause, l'historien est surtout sollicité comme expert, en accord avec l'importance donnée à la pratique de l'expertise. En France, l'État y a recouru à plusieurs reprises : rapport rédigé par Henry Rousso sur l'université Lyon-III et l'extrême droite ou rapport de la commission d'enquête Mattéoli sur le sort des biens juifs ; l'Église également : rapport sur l'Église de France et Paul Touvier. Cette démarche est parfois utilisée par des personnes privées : rapport sur Pierre Cot et l'U.R.S.S. sollicité par ses héritiers.
Sous une autre forme, les historiens sont employés à titre professionnel pour fournir l'État en services à travers des commissions ministérielles ad hoc sous la forme de comités (ministère des Finances, ministère de la Culture...) ou bien sous la forme d'emplois administratifs.
Cette commande prend aussi la forme d'une demande d'histoire privée, formulée par les entreprises à des fins d'édification, de constitution du lien au sein de l'entreprise, voire avec des visées pragmatiques. Cette forme de la public history, peu en vogue en Europe occidentale, en dépit de quelques exceptions, forme un véritable secteur d'emplois dont témoignent des entreprises de plusieurs dizaines de salariés (archivistes, documentalistes, historiens et archéologues) qui fournissent tout à la fois des services d'enquêtes, des expertises judiciaires, des histoires d'entreprises et des expositions, comme History Associates Incorporated.
Quelles que soient les formes de la commande, ces usages décalés de la science remettent en cause la posture savante de l'objectivité au profit du parti pris. Si on considère cette objectivité proclamée comme une illusion, un masque pour l'idéologie, les nouveaux usages de l'histoire n'entraînent aucune perte. Une autre solution consiste, à l'instar des expert wittness historiens d'outre-Atlantique, à envisager chaque vérité particulière comme une contribution à l'établissement de la vérité générale. Le débat devient alors épistémologique en se portant sur la nature de la vérité scientifique en histoire.
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Écrit par
- Olivier LÉVY-DUMOULIN : professeur des Universités en histoire contemporaine, Institut d'études politiques, université de Lille-II
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Médias
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