HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX SANS VERTÈBRES (J.-B. de Monet de Lamarck)
En 1815 paraissait le premier des sept volumes d’une des œuvres majeures du zoologiste français Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet, chevalier de Lamarck (1744-1829) : l’Histoire naturelle des animaux sans vertèbres. Celle-ci constitue la première synthèse de grande ampleur concernant le vaste monde des animaux dépourvus de colonne vertébrale, et que Lamarck, l’un des premiers, nommait « invertébrés ». Au fil des six volumes suivants, qui s’échelonneront de 1816 à 1822, Lamarck donna en effet une caractérisation zoologique et classificatoire (taxinomique) extrêmement riche et précise de ces organismes jusque-là souvent délaissés par les naturalistes. Les groupes zoologiques qu’il proposa ou dont il précisa la définition allaient connaître une très longue postérité (comme la classe des Annélides représentant les « vers annelés »).
L’importance de cette œuvre est aussi liée, pour une grande part, aux idées développées par Lamarck dans ce premier volume, qualifié d’Introduction, qui expose ce qu’il appelait « les principes fondamentaux de la zoologie ». Lamarck y trouve l’occasion d’une nouvelle synthèse sur sa conception évolutionniste du monde vivant, théorie qu’il s’appliquait à élaborer depuis 1800.
Lamarck face à la diversité des invertébrés
En 1793, lors de la fondation du Muséum national d’histoire naturelle sur les décombres de l’ancien Jardin du Roy, Lamarck, alors intéressé principalement par la botanique, se vit confier la chaire « des insectes et des vers ». Il s’agissait en fait d’un regroupement par défaut de l’ensemble des organismes à propos desquels on ne savait finalement pas grand-chose, et dont l’étude apparaissait moins noble que celle des vertébrés. La publication de l’Histoire naturelle des animaux sans vertèbres est donc l’aboutissement de plus de deux décennies de recherches durant lesquelles Lamarck se familiarisa progressivement avec les particularités de cette faune si riche et si diverse.
Comment mettre de l’ordre dans ce qui apparaissait à bon droit comme un capharnaüm inextricable de formes animales ? Cet impératif rencontra le goût de Lamarck pour la production de systèmes explicatifs de grande ampleur, ce qui le conduisit, en 1800, à proposer publiquement les premiers rudiments de sa théorie de la transformation des organismes vivants ou « transformisme » (ce terme qualifie souvent les idées de Lamarck, mais il est cependant postérieur à celles-ci et n’était pas utilisé par Lamarck). Après la publication en 1802 de ses Recherches sur l’organisation des corps vivants, puis en 1809 de sa Philosophie zoologique, l’ouvrage de 1815 est donc la troisième synthèse produite par Lamarck sur cette question cruciale. Dans la continuité de ses précédents écrits, il y poursuit l’approfondissement d’un certain nombre d’idées qui montrent une très grande unité et cohérence tout au long de la période 1800-1829.
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Écrit par
- Laurent LOISON : docteur en épistémologie et histoire des sciences, chargé de recherche au CNRS, professeur agrégé de sciences de la vie et de la Terre
Classification
Média