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HISTOIRES DE LA NUIT (L. Mauvignier) Fiche de lecture

Un roman polyphonique

N’enfermons toutefois pas Laurent Mauvignier dans les thématiques de l’invisibilité ou de la maltraitance. Il est très loin de l’esthétique naturaliste à quoi on risquerait ainsi de le réduire. Ce roman qui ne dévie jamais de sa ligne, qui présente des personnages ordinaires dans une situation soudain extrême, qui dégénère, a la puissance de certains romans de Lobo Antunes ou de Faulkner. Non qu’il faille absolument comparer, mais on lit de tels romans dans le monde entier parce qu’ils mettent en lumière notre condition ordinaire misérable. Ils nous révèlent le poids des fatalités, donnent au microcosme d’un hameau cette universalité si précieuse. Des romanciers nommés, Mauvignier a le sens de la phrase qui déborde et emporte, pour tout embrasser, au-delà de la mécanique du simple thriller.

Longtemps l’écrivain a usé du monologue, dans le roman comme au théâtre. Ce que j’appelle oubli (2011) en était l’un des meilleurs exemples. Ici, les chapitres sont construits selon les différents points de vue. Chacun des sept personnages prend sa place, et dit sa vérité. La mise en page du dialogue s’apparente quelquefois au verset, laisse en suspens, d’une phrase à l’autre, comme cela se produit à l’échelle du roman : tout ne peut se dire aussitôt.

Histoires de la nuit marque une étape importante dans l’œuvre de Laurent Mauvignier et rappelle aussi ce que peut le roman à l’heure des images toutes puissantes.

— Norbert CZARNY

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