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HISTORICISER LE MAL. UNE ÉDITION CRITIQUE DE MEIN KAMPF

Une édition critique exceptionnelle et une diffusion prudente

L’édition française est le fruit d’un minutieux travail d’équipe. Si la plupart des 3 500 notes de bas de page de l’édition scientifique allemande sont traduites et adaptées ‒ Andreas Wirsching, le directeur de l’IFZ, est crédité comme codirecteur de l’édition française ‒, vingt-sept introductions de chapitres sont rédigées par l’équipe française. L’ouvrage se veut, comme le précise l’argumentaire éditorial, « une analyse critique, une mise en contexte, une déconstruction ligne par ligne » des propos d’Hitler. La mise en page est particulière : le texte de Mein Kampf est entouré par les colonnes de commentaires. Le résultat consiste en un volume de 847 pages, sous une couverture blanche, se voulant assez neutre. Le livre n’est disponible en librairie que sur commande, pour éviter son exposition sur les tables. Les bénéfices des ventes sont reversés à la Fondation Auschwitz-Birkenau, qui travaille à la conservation du mémorial de ce camp de concentration et d’extermination. Par ailleurs, malgré le prix volontairement élevé (100 €), le livre se vend tout de même à 3 000 exemplaires en deux semaines, devenant un best-seller dans la catégorie « essais ». Et, alors que le tirage initial est de 10 000 exemplaires, 9 000 sont écoulés en trois mois. Cette édition scientifique reçoit un accueil favorable : le projet a finalement convaincu. Il n’empêche que, comme l’exprime l’éditeur et critique Sylvain Fort dans L’Express (7 juin 2021), « en dépit d’une historicisation irréprochable, Mein Kampf garde l’aura maléfique de la bête immonde. L’attrait pour les obscurantismes n’a pas disparu… »

— Jean-Marc DREYFUS

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