HÔ CHI MINH-VILLE, anc. SAÏGON
Située à l'articulation du delta du Mékong et de la zone deltaïque du Dong Nai-rivière de Saigon, Hô Chi Minh-Ville, l'ancienne Saigon, dispose d'une double origine : Cholon (« le grand marché ») ville-comptoir fondée par les Chinois en 1679 et devenue une importante place marchande, et Gia Dinh, chef-lieu de province dès 1698, dotée du statut de ville (thanh phô) en 1772 et d'une citadelle construite en 1790 par Nguyên Anh. Occupant le site depuis 1788, celui-ci en fit sa capitale jusqu'à 1801, avant de réunifier le pays autour de Hué et de prendre le nom d'empereur de Gia Long. Installée sur une terrasse alluviale dominant la rivière, la citadelle a été remplacée par le « plateau » où s'est déployé le damier de la ville coloniale. Au-dessous, un front de rivière réunissait les installations portuaires et les grandes maisons de commerce.
La rapide croissance des exportations de riz a fait de Saigon la capitale économique du pays et la plus grande ville de l'Indochine (500 000 habitants en 1946). Avec la guerre française, sa population a triplé, 1,7 million en 1954 pour seulement 380 000 à Hanoï. De nouveaux quartiers se sont développés dans les zones basses, en couronne autour du plateau, le long de l'arroyo chinois conduisant au delta du Mékong, et en bordure des principaux axes routiers. La guerre américaine a été l'occasion d'un nouveau doublement, l'agglomération atteignant 4 millions d'habitants en 1974. La ville prit le nom d'Hô Chi Minh-Ville en 1976, après la réunification, Saigon ne désignant plus depuis que le port. Cette croissance démesurée a transformé la ville coloniale en un ensemble hétérogène, où subsistent quelques beaux bâtiments coloniaux. La ville était alors entourée par un glacis défensif d'une vingtaine de kilomètres de largeur, vidé en partie de sa population. La densification a remplacé les villas par des immeubles en béton de cinq à six étages, surélevé les compartiments chinois et développé les bidonvilles le long des canaux dans les quartiers centraux. Elle a produit une dégradation des conditions de vie, les infrastructures urbaines étant prévues pour 500 000 habitants seulement.
À la fin de la guerre américaine, l'agglomération s'est desserrée, le glacis défensif devenant une ceinture verte où une partie de la population du centre a été relogée. La ville s'est étendue vers l'ouest en récupérant les anciens camps militaires, vers le sud le long de la rivière de Saigon. Elle poursuit parallèlement sa progression le long des principaux axes routiers vers le sud-ouest en direction du delta du Mékong et vers le nord-est en direction du Centre.
Depuis les années 1990 où se déploient les réformes économiques, Hô Chi Minh-Ville connaît une nouvelle phase d'expansion avec reconfiguration du centre par des tours mitant les derniers bâtis hérités de la ville coloniale, réhabilitation des canaux après expulsion vers la périphérie des populations défavorisées, développement de zones franches industrielles et de technopoles sur les principaux axes rayonnant à partir du centre, création de la ville nouvelle Saigon Sud, percement d'un tunnel sous la rivière de Saigon permettant à l'urbanisation de franchir durablement le fleuve, avec beaucoup de retard sur Hanoï.
Hô Chi Minh-Ville atteint 3,38 millions d'habitants en 1999 dans les huit arrondissements et quatre districts urbains qui couvrent 140 kilomètres carrés. Avec les quatre autres arrondissements et un district classés comme suburbains, la ville compte 4,12 millions d'habitants sur 440 kilomètres carrés. Si l'on ajoute enfin les districts ruraux, la ville-province atteint 5,04 millions d'habitants sur 2 093 kilomètres carrés. Avec les 314 000 citadins de Bien Hoa, reliée à Hô Chi Minh-Ville par une autoroute et une importante zone[...]
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Écrit par
- Christian TAILLARD : directeur de recherche au C.N.R.S.
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